Rock |
Un clavier qui se glisse tel un serpent dans les hautes herbes, une ligne de basse qui ronronne et qui embrasse une voix féminine d’inspiration soul funky, et voilà les gémissements d’une flûte venant renforcer l’ambiance chaude et humide qui prédomine dés l’amorce du premier morceau, ‘Scars’. Une ligne de basse qui vient ensuite, de manière plus grave encore, appuyer les propos que tient l’orateur dans ‘No Idols’. Et c’est ainsi qu’au fil des pistes les musiciens parviennent à créer une succession d’atmosphères très particulières. Cela fait penser à du Dub mais l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a également là dedans de nombreux autres zestes de musiques plurielles. Mais quelle que soit la couleur musicale, le fond de Reggae subsiste, auquel il convient d’ajouter les instruments électroniques et des manipulations numériques certaines. Huitième album de la formation angevine, cet opus ne manque aucune occasion de surprendre, et très agréablement. J.C. ‘Werner’ Wauthier à la batterie et Matthieu Bablée à la basse sont de ceux que l’on entend le plus, vue la prégnance de la rythmique, mais celle ci n’en fait que mieux ressortir les voix de l’américaine Jamika Ajalon et du franco-égyptien Jérôme ‘Jay Ree’ El Kady. Ce qui ne veut nullement dire que l’on ignore Erik ‘Raggy’ Sevret, car ce multi instrumentiste (flûte, clarinette, Melodica, percussions, claviers, synthétiseurs et FX) sait se mettre en valeur par petites touches successives. Tout comme Vincent ‘Vince’ Erdeven aux synthétiseurs, Melodica, Glockenspiel ou à la guitare. Sans oublier Alex Raux aux guitares et synthétiseurs. Tous sont incontestablement de petits surdoués ‘touche à tout’ qui réussissent à vous embarquer dans quelque chose au coup de patte certain! On pourrait volontiers cela de musique atmosphérique, car le combo vous offre une immersion totale dans quelque chose de parfaitement dans l’air du temps. Une sorte d’échappée lyrique dont nous avons tous besoin. Huit compositions sont des membres de la formation et la seule reprise est un hommage à l’artiste jamaïcain Winston McAnuff, l’invité spirituel du combo. Après un ‘Electric Dread’ en 1986 les voici donc qui nous servent aujourd’hui un ‘Electric Soul’, comme pour nous laisser à penser que cela pourrait être de la Soul. Mais nous ne sommes pas dupes, car ce n’est pas que cela, car l’album, excellent, il faut bien l’avouer renferme des senteurs du fameux Sauerkraut Rock germanique de Klaus Schulze ou de celui de Tangerine Drean. Et comme si cela ne suffisait pas, un morceau comme ‘Over/Time’ n’ira pas sans faire revenir furieusement à la surface le cultissime ‘Riders On The Storm’ des Doors pour l’ambiance qui s’y installe. Plus qu’une très bonne surprise, une sacrée réussite que cet album de Zenzile!
Mélange de H (Hawkwind de la meilleure époque avec du Hendrix d’une douceur éternelle) ayant été perfusé avec du J.S. Bach, Zenzile est de la race de ces seigneurs néo-prog qui font sortir le rock de l’antre dans lequel certains médias s’épuisent à l’enfermer. Les morceaux sont intemporels, avec cette musicalité qui les place au-dessus de toute notion d’époque, comme si les modes n’existaient pas. Beau, majestueux, le titre ‘No Idols’ est la signature même de cette intemporalité qui ouvre la porte à toutes les envies, à tous les mythes. C’est costaud, indestructible, fin, magique et classique à la fois. C’est puissant, envoûtant et explosif, c’est jouissif et cela vous donne une banane d’enfer. De quoi vous faire vivre un orgasme mystique insoupçonné. Un disque bien produit, sans faille, et remarquable.