ZAC HARMON – Mississippi BarBQ

Catfood
Blues

Jerry Wexler, Tom Dowd, Ted Templeman, Glyn Johns: depuis les années 60, le rock anglo-saxon a vu émerger quantité de producteurs de renom (sans parler bien sûr de Phil Spector, George Martin, et Vic Maile). Avec à son palmarès des cartons aux Cash-Box et autres Billboards tels que Stevie Ray Vaughan, Luther Allison, Huey Lewis, Journey et Santana, Jim Gaines fait indéniablement partie du lot. Ayant débuté chez Stax dans les sixties en tant qu’ingénieur du son auprès de Steve Cropper, il fut ensuite débauché par Wally Heider, chez qui il fit ses armes auprès de fortes personnalités telles que Van Morrison, ou plus récemment, Royal Southern Brotherhood. À présent dans sa 78ème année, Gaines ne travaille quasiment plus que dans son propre studio, et au “coup de cœur” (notamment pour sa légitime, Sandy Carroll). Le souci avec pareil pédigrée, c’est qu’il imprime désormais sa personnalité à tout ce qu’il touche, et c’est un peu le cas sur ce septième album de Zac Harmon. À preuve, Zac n’a réussi à intégrer son propre band que sur quatre des onze titres de ce disque, dont “Honey Pleez” (démarquage translucide du “I’m A King Bee” de Slim Harpo). Pour le reste (comme avec le dernier Big Daddy Wilson), Gaines insuffle à cette rondelle une touche mi-funky (“Make A Dollar Out Of Fifty Cents”, “Lord Save Me From L.A.”), mi-radio friendly (“Gypsy Road”, “Since You Been Gone”). Cette dialectique ne parvient à l’équilibre que quand Zac Harmon reprend furtivement les rênes (“Sunday Morning After Saturday Night”), et que son talent de guitar-slinger s’y exprime dès lors avec bonheur. Après être passé sous les houlettes successives de Northern Blues et Blind Pig, ce natif de Jackson semble en tout cas déterminé au crossover que tentèrent avant lui des artistes tels que Coco Montoya. En témoigne la version outrageusement putassière de “Knocking On Heaven’s Door”, qui clôt cet effort avec emphase. À ce propos, quand va-t-on enfin reconnaître ce que cette prétendue composition de Bob Dylan doit au “Whiskey Woman” de Flamin’ Groovies…? Vérifiez donc vous-mêmes!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 19th 2019