YVAN LE BOLLOC’H ET MA GUITARE – Esperanza

Quai Navault (c'est toujours plus propre qu'Univers Sale)
Flamenco, World Music
YVAN LE BOLLOC'H ET MA GUITARE - Esperanza

Contrairement à ce que pourrait accroire le grand public (contre lequel il n’a rien, bien au contraire), Yvan Le Bolloc’h ne se réduit pas à l’inénarrable Jean-Claude Convenant de “Caméra Café”, ni même à ses salutaires coups de gueule sur Bolloré-Figaro-Mag-Télé (ben oui, vous pensiez que ça voulait dire quoi, BFM-TV?). Touché et habité par la grâce du flamenco, il en est à son quatrième album depuis 2009, et il nous le propose avec la même constance que celle qui unit les gens du voyage, le soir au coin du feu, au milieu des caravanes rangées en cercle comme chez Lucky Luke. À présent que François Hadji-Lazaro a déserté Pigalle (après que Helno en eut fait autant des Négresses Vertes), qui nous reste-t-il donc pour faire groover le quotidien? La réponse tient non pas dans la question (marre du “en même temps”, pas vous?), mais peut-être bien dans leur adaptation du fameux “Let The Music Play” de Barry White, que Yvan le Terrible et sa bande assènent ici avec une sensibilité duende à fleur de derme (et en espinguoin). Comme sur “No Sabia”, on croirait presque y entendre Aldi Mets-toi-là jammer avec George Benson et Ricky Martin! Et le reste est à l’avenant: les hanches à la fête et les larmes aux commissures des paupières, la bande à Bolloc’h déploie pas moins de quatre guitaristes (ça fait tout de même 24 cordes), et Anouchka Lenders y alterne le chant lead avec Gaël Garcia (“Humanidad”), tandis que les drums et percus sont dévolues au funky Xavier Sanchez, et la basse ainsi que les claviers au non moins ondulatoire Bernard Menu. Moins ouvertement commercial que les Gypsy Kings (contre lesquels il n’a rien non plus), Yvan Le Bolloc’h n’en cultive pas moins un œcuménisme de bon aloi, habillant comme ces derniers ses gitaneries de rythmes et de sonorités contemporains. Et même si étymologiquement parlant, “Esperanza” signifie à peu près l’opposé de “no future”, never mind the Bolloc’h: ne lâchons rien (et ma guitare s’appelle reviens).

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 21st 2023

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https://www.youtube.com/watch?v=Sb38pDyZfKE

https://www.youtube.com/watch?v=VT4cp9pcMQA