Timide, discrète, presque gênée à l’idée de se présenter sous les projecteurs, Youn Sun Nah se transforme dès qu’elle est face à un micro et entourée de musiciens. Tel un papillon aux couleurs splendides qui prend son envol, Youn Sun Nah captive, subjugue, charme, ensorcelle dès qu’elle chante. Tout en elle sublime le chant, de la voix aux yeux, immenses et beaux. Jamais je n’avais ressenti une telle émotion après son dernier tour de chant au Sunside ; le public était comme secoué, touché dans son intimité, et des larmes coulaient sur des joues, comme des perles de pluie intérieure.

 

Celle qui a encore du mal à croire à son incroyable succès est tout simplement un prodige de la chanson: à preuve, sa superbe adaptation de ‘Calypso Blues’ (signé Nat King Cole), son admirable version de ‘Frevo’ (signé Egberto Gismondi), et son exceptionnelle version du ‘Jockey Full Of Bourbon’ de Tom Waits, sans oublier les superbes compos signées Youn Sun Nah et qui vous collent des frissons immenses, immenses, comme ce très beau ‘Dancing With You’ ou ce merveilleux ‘Inner Prayer’, sans oublier la chanson qui donne son titre à l’album, le lumineux ‘Voyage’.

 

Côté musiciens, c’est beau, c’est immensément beau et proche de la perfection, avec le génial Ulf Wakenius à la guitare, une très belle rythmique, aérienne, légère et présente à la fois, avec Lars Danielsson à la basse et au violoncelle, secondé par Xavier Desandre-Navarre aux percussions, sans oublier un monumental Mathias Eick à la trompette et dont les soli dans ‘Mye Bye’, par exemple, sont proches du sublime, avec ces notes à peine prononcées et qui pleurent sans fin avant de mourir dans votre cou.

 

Frankie Bluesy Pfeiffer

PS : Un disque pour lequel il faudrait créer une note supérieure à ‘Indispensable’: ’Essentiel’