YONDER BOYS – Acid Folk

Blue Whale Records
Americana, Bluegrass
YONDER BOYS - Acid Folk

Si des lyrics tels que “You are your own worst enemy. I met you once in a Islington pub, and you said it all comes down to love” (“Eagle Song”) n’auraient pas déparé une vignette de Randy Newman, et si “I’m still inventing a new way to live, working it out on the bus to Berlin” (“New Bohemians”) aurait également pu convenir au regretté Jimmy LaFave (qui prenait plutôt, lui, un bus pour St.Cloud), l’ironie acerbe des Yonder Boys n’en fait pourtant pas une formation satirique au strict sens du terme. Et ce, quand bien même le risqué “The Great American Pussy Grab” (allusion à peine voilée aux rodomontades sexuelles d’un ex-président surnommé par Spike Lee l’Agent Orange) s’avère sans doute l’un des plus savoureux pastiches des Beach Boys (circa “Surf’s Up”, en l’occurrence). Car bien que géographiquement très éloigné des Appalaches qui en irriguèrent les racines, cet improbable trio basé à Berlin (et composé d’un Australien, d’un Américain et d’un Chilien) s’avère l’un des plus convaincants perpétuateurs du bluegrass immémoriel. Si ce n’est qu’au lieu de n’en restituer, tels des Flatt & Scruggs ou Blue Sky Boys modernes, qu’une lecture aussi scrupuleuse que rigoriste, Jason Serious (chant, guitare), David Stewart Ingleton (banjo, chant) et Tomàs Peralta (chant, guitare, mandoline, banjo, basse, claviers et batterie) s’ingénient à rafraîchir le genre, quitte à le métisser à qui mieux-mieux. Si leurs pickings respectifs et conjugués peuvent s’avérer confondants (ce “Mumma’s Boys” que l’on croirait échappé de la B.O. du “Deliverance” de John Boorman, ainsi que “New Bohemians” et “Look At What You Done”) et si leurs harmonies vocales se révèlent souvent à tomber (“Rabbit Song”, “Pesce Spada” ou le standard folk écossais “House Carpenter”), ils ne répugnent pas à intégrer d’autres instruments traditionnels (fiddle sur la plage d’ouverture, tuba sur “High On A Mountain” ou shamisen et saxophone sur le tango bregovicien “Mosey On Down”), ni non plus à transgresser allègrement les frontières stylistiques. À l’arrivée, un album d’une réjouissante fraîcheur, où une authentique virtuosité se met au service d’une malicieuse érudition. On songe aux Gourds, et on en redemande!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 8th 2021

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Un excellent album à acheter ICI

Yonder Boys – The Great American Pussy Grab:

Yonder Boys – Look at What You Done:

Yonder Boys – Il Pesce Spada “a short film”: