World Music

Que la musique soit une rencontre, à la base, est pure tautologie. Mais dans le cas présent, c’est d’autant plus vrai qu’Yilian se situe véritablement quelque part à un carrefour musical entre Chopin et les ‘classiques’, Chucho Valdès, le jazz new yorkais moderne, le manouche d’un Stéphane Grappelli, par exemple, ou les rites de la Santeria, qui confère comme un côté sacré à ce qu’elle joue. Et c’est avec une formation en quatuor qu’elle nous embarque dans ses rêveries musicales: le cubain Marcel Abel au piano, le vénézuélien David Brito à la contrebasse et à la double-basse, et le suisse Cyril Regamey à la batterie et aux percussions. Yilian joue du violon et chante dans cet autre carrefour cosmopolite qu’est son groupe Ochunare qui signe aujourd’hui son troisième opus.
Née il y a peu à La Havane, hé oui, elle est partie étudier à Caracas avant de débarquer finalement du côté de Lausanne. Et c’est sur ce sol étranger pour elle, avec ces musiciens aux origines diverses, qu’elle distille ce jazz fortement métissé aux milles parfums exotiques et cette musique sans étiquette aux nombreuses senteurs différentes. Elle a composé neuf des onze morceaux que contient l’album et qui commence d’ailleurs par une pièce de son pianiste, Marcel Abel, ‘Aso Kara Luwé’ et qui s’achève par le second morceau écrit par le même musicien, ‘Aso Kara Luwé (End)’. Il s’agit d’une prière yoruba à un Dieu adoré du peuple de l’artiste pour sa grande miséricorde et pour ses miracles de guérison.
Un petit résumé restitue chaque morceau dans le contexte dans lequel il a été créé et fournit quelques explications pour chacune des compositions. C’est important de le préciser, puisqu’à côté de l’émotion se trouve la raison, et qui a besoin de cérébraliser ce qui vient du coeur…
Que la musique soir une rencontre, c’est une certitude. Que la musique devienne rencontre, voilà une autre certitude que je vous démontre très simplement, ayant succombé au charme de ce Ochumare de Yilian Canizares.