YES – Songs From Tsongas – 35th Anniversary Concert

Eagle / Universal
Rock

Ah, ces fameuses seventies… Si pour le corps journalistique elles se résument souvent à des clichés du type “rock ou disco, choisis ton camp”, pour nombre de mélomanes (qu’ils les aient vécues ou non), les années 70 furent avant tout l’ère de mastodontes tels Led Zep, Pink Floyd ou Yes. Quand j’étais lycéen, le nec plus ultra consistait à arpenter la cour de récré avec “Yessongs” sous le bras: un des premiers triples albums live de l’industrie rock. Quatre ans plus tard, plus personne n’osait se balader avec ce machin! Victime des aléas de la mode (en France, le punk fut-il jamais autre chose?), YES n’en conserva pas moins une confortable cohorte de fidèles de par le monde. Adeptes d’un gigantisme scénique seulement dépassé par le Floyd, ces hérauts d’un prog-rock bon teint traversèrent imperturbablement les décennies, en dépit des querelles intestines et changements de personnel de rigueur. Comme pour Black Sabbath ou Deep Purple, les fans chérissent néanmoins un line-up par-dessus les autres: celui de “Yesssongs”. C’est précisément celui-ci qui se produisit en 2004, au fil d’une tournée mondiale célébrant (alors déjà) les 35 ans du groupe. Rien à redire: les lycéens des années 70 (devenus profs à leur tour?) retrouveront, intactes, toute la ferveur et la virtuosité de leurs héros. Steve Howe (dont le propre fils accompagne ces temps-ci Wilko Johnson) s’y fend même d’un jubilatoire ragtime acoustique (“Second Initial”), tandis que Wakeman nous épargne à bon escient ses pénibles démonstrations néo-classiques d’antan. Quelques surprises, telle la version shuffle blues de “Roundabout” (proche du “Layla” de Clapton sur son “Unplugged”!), ou celle, majoritairement acoustique, de “Owner Of A Lonely Heart”, au fil de laquelle Wakeman (pourtant absent de la version originale) s’en donne à coeur joie au piano. Pour marquer l’événement, nos sexagénaires ont même exhumé deux extraits de leurs tout premiers albums, trop longtemps reniés. Un triple CD à déguster sans culpabilité.

Patrick Dallongeville
Paris-Move

Yes