Rock

Le premier ‘Like It Is’, sous-titré ‘Yes At The Bristol Hippodrome’ (2014), était à la fois un instantané du ‘Three Album Tour’ 2013-2014 et un examen de passage Live pour l’américain Jon Davison au chant. Crime de lèse-majesté: sur les trois albums joués dans leur intégralité lors de la captation du 11 mai 2014 – ‘Close To The Edge’ (1972), ‘Going For The One’ (1977) et ‘The Yes Album’ (1971) – seuls les deux derniers ont été immortalisés dans le digipack édité par Frontiers huit mois plus tard. Le label italien avait-il ourdi un plan à moyen terme? Oui: ce second ‘Like It Is’, enregistré le 12 août 2014 à l’Ikeda Theater de Mesa, AZ, dans le cadre du ‘Heaven & Earth Tour’ 2014-2015. On y retrouve avec soulagement ‘Close To Edge’, mais aussi ‘Fragile’ (1971), l’autre chef-d’oeuvre du groupe, sans les extraits du dernier album studio qui rivalise d’insipidité avec ceux d’Asia. Après l’estocade portée en mai par Warner – label ‘historique’ de Yes – avec le méga coffret 14 CD ‘Progeny’, ‘Frontiers’ se repositionne habilement et enrichit au passage son catalogue de 4 albums-clé en version live. Musicalement, le benjamin du groupe Jon Davison, vêtu comme l’était son modèle Jon Anderson dans les seventies, confirme qu’il n’y a pas eu d’erreur de casting. Ses lignes vocales sont fidèles aux originales, sans qu’on puisse le taxer de pâle imitation, comme c’était le cas pour son prédécesseur malheureux Benoit David. Parmi les anciens, Steve Howe, dont la signature était naguère de jouer derrière les temps, se retrouve à la bourre plus qu’à son tour, comme en témoigne l’introduction de ‘Long Distance Runaround’ censée être jouée à l’unisson avec le claviériste Geoff Downes. Même s’il manie encore sa Rickenbacker avec précision, Chris Squire inquiète par son embonpoint. C’est la dernière fois qu’il nous sera donné d’entendre sa partition légendaire sur ‘Roundabout’. Atteint d’une forme rare de leucémie, il décède le 28 juin – soit 6 jours avant la sortie européenne du présent live – et s’en va rejoindre le guitariste Tony Banks au firmament. C’est Billy Sherwood qui le remplace jusqu’à nouvel ordre, au sein d’un Yes ne comportant plus aucun membre fondateur.