YES – 50th Anniversary – Live At The Appollo

Eagle / Universal (I Gueule / Univers Sale)
Pop

Alors qu’il célèbre cette année son demi-siècle de carrière, YES rime plus que jamais avec pataquès… À preuve, pas moins de deux formations distinctes en revendiquent cette année le nom et l’héritage! Fortes chacune de cinq musiciens, elles incorporent chacune au moins deux membres de l’historique line-up, même si celle qui comprend Jon ANDERSON peut légitimement se revendiquer seule à en compter un membre fondateur. Car à côté de la saga de YES, Dallas est un jardin d’enfants. Avec dans le rôle de Bobby Ewing, Jon ANDERSON, et dans celui du méchant JR, le défunt Chris Squire. Depuis son origine, les changements de personnel s’y égrènent comme la litanie des “Dix Petits Nègres” d’Agatha Christie. Première victime de ces petits meurtres entre amis, Peter Banks, leur guitariste initial, viré en 1970 au profit de Steve Howe. Second sur la liste, Tony Kaye, leur premier clavier, supplanté en 1971 par Rick Wakeman. Ensuite, ce fut à Bill Bruford, batteur émérite, de céder son tabouret à Alan White. D’allers en retours, on peut encore citer le Suisse Patrick Moraz en remplacement de Rick Wakeman, suivi des Buggles (en lieu et place de ce dernier et de ANDERSON), ainsi que Trevor Rabin, Eddie Jobson, Oliver Wakeman (fils de son père), et le bassiste Billy Sherwood (en poste depuis le décès de Squire)… En tout, pas moins d’une vingtaine de musiciens ont ainsi fait partie du collectif YES, et une chatte dotée d’ulta-sons n’y retrouverait pas sa progéniture.
Alors que l’autre YES (celui de Howe et White) remplit des stadiums en se revendiquant du canal historique, Jon ANDERSON, nourrissant une sourde rancœur envers ses ex-collègues (qui lui supplantèrent le québécois Benoît David, issu d’un vulgaire tribute band), rameute le guitariste Trevor Rabin (celui de “90125” et “Big Generator”, et seul progster à pouvoir rivaliser avec Steve Howe), et surtout, magna carta, le mage Rick Wakeman. Bien que ce dernier enveloppe ici sa bedaine d’une cape dont ma belle-mère ne voudrait pas pour sortie de bain, et malgré le jeu de scène toujours aussi embarrassant d’ANDERSON (73 ans aux fraises), force est bien de l’admettre: quand on aligne LA voix et LES claviers de “Close To The Edge”, on détient la clé du son de YES. En près de deux heures, cette rétrospective live enfile indifféremment classiques de leur âge d’or (“Heart Of The Sunrise”, “All Good People”, “Your Move”, “Perpetual Change”, “Roundabout”) et chart busters eighties (“Hold On”, “Owner Of A Lonely Heart”). Le plus étonnant dans cet étalage, c’est qu’il parvient à maintenir le plus souvent un degré acceptable de dignité. Ce qui, convenons-en, n’était pas acquis d’avance.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder