Funk, Soul |
Vous souvenez-vous où en était la soul à l’orée des seventies? Quand sous l’égide de Sly, Isaac Hayes, Marvin, Curtis et des O’Jays, ce bon vieux truc (alors déjà perverti par Norman Whitfield et consorts) se mit à dériver insensiblement vers ce qu’on n’allait plus tarder à appeler le funk ? Depuis la tragique disparition de Prince, on n’en recense plus des légions, de ces gusses capables de recréer ce SON (le premier qui cite Jamiroquai paraît en comparution immédiate pour l’assaut du Capitole, pigé?). Et contre toute attente, c’est à un môme du Hampshire anglais qu’échoit de ranimer ce flambeau (depuis un bled paumé du nom d’Haslemere, vous le croyez?). George van den Broek (soit Georges Dupont, tel que traduit à la louche du néerlandais) est ce genre de geek surdoué et maniaco-compulsif, capable de s’immerger depuis sa prime adolescence parmi les discothèques vinyles de ses oncles, tantes et grands-parents, pour en extraire depuis son home-studio la substantifique moelle. Outre les trilles de basse et les four-on-the floor de rigueur, on trouvera donc ici des remugles de Fender Rhodes et clavinets d’époque, tandis que même le carbone 14 peinera à en distinguer l’ADN de celui du “Shaft” originel. L’intro batterie de “Who’s There?” reprend ainsi celle du “Superstition” de Stevie Wonder (de même que le reggae beat de “Come Groove” celui de son “Boogie On, Reggae Woman” et “Let’s Be Good To Each Other” l’esprit de “Isn’t She Lovely”), avant de bifurquer vers ce funk choral qu’initia en son temps Sly Stone, tandis que “Getting Closer”, “Open Your Eyes”, “Keeps Me Satisfied”, “So Lost” et “Love Is Everywhere” renvoient ouvertement au Curtis Mayfield de “Roots” et “Superfly”, et que “Keep Yourself Alive”, “Whatever You Want To Do” et “Something Special” en font autant avec le Marvin Gaye de “Trouble Man” et “Let’s Get It On”. Si le gonze ne répugne pas à de furtives incursions disco façon Imagination et Kool & The Gang (“You”), et même si vous êtes puriste au point de lui préférer Gil Scott-Heron et Donny Hathaway (voire Eddie Hinton, Swamp Dogg et André Williams), vous priver d’un tel joyau relèverait pour tout soul brother de l’amputation volontaire. Mince, c’est BON à ce point!
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, January 25th 2021
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YELLOW DAYS – A Day In A Yellow Beat – en écoute sur YouTube ICI
YELLOW DAYS – A Day In A Yellow Beat – Home Footage:
YELLOW DAYS – Be Free (Audio):