Blues |
Ne renions pas les origines, le blues doit être chanté en anglais, dit-on… N’ouvrons aucun débat car la langue de Shakespeare aidant, nos frenchies n’ont pas à rougir devant les pointures étrangères et certains s’exportent désormais sur les scènes internationales. Succès largement mérité et nous ne pouvons que nous en réjouir.
Et le blues chanté en français dans tout cela? Nous en connaissons les précurseurs qui lui ont donné ses lettres de noblesse dans les années 70/80: Patrick Verbeke, Bill Deraime, Paul Personne, Benoit Blue Boy… Aujourd’hui la tâche semble plus ardue encore pour les artistes défendant cette discipline, par manque de médiatisation peut-être. Faut-il, et sans vouloir être vulgaire, avoir une sacrée paire de couilles pour oser chanter le blues dans la langue de Molière dans un monde anglophone?
Parmi d’autres, Yann Lem, notre Barde Breton du Blues, est une preuve que ce blues chanté en français mériterait bien un festival digne de ce nom.
Rafraîchissons tout d’abord un peu les mémoires: le dernier album de Yann Lem ‘Entre Blues et Granit’ a obtenu en 2010 le prix du meilleur album de blues français et Yann celui du meilleur artiste francophone en 2011. Je dirai: juste récompense pour sa créativité, sa persévérance, l’envie de toujours se surpasser pour offrir au public le meilleur de lui-même.
Yann Lem, c’est une voix chaleureuse chargée d’émotions communicatives et avec des intonations telles que certains ont comparé cette voix à celle de Johnny, notre rockeur national.
L’écriture est à l’image du personnage, jamais ‘à l’eau de rose’ et sans langue de bois. Les textes emprunts de sincérité et de poésie nous bluffent au fil d’un vécu ou d’un imaginaire, ponctués de quelques coups de gueule et de clins d’oeil à sa Bretagne natale.
Compétence et dévouement ne sont pas de vains mots dans l’univers de notre Barde Breton. Citons quelques-uns des proches qui l’accompagnent partout, par vents et marées: Patrick Balbin, son fidèle complice et guitariste avec qui Yann co-écrit les musiques, Gérard Haton, son manger (GH Production), tout comme Pierrot Jomard, son ingénieur du son.
Le prochain opus de Yann est en préparation et sera enregistré en studio. Pour nous faire patienter, notre bluesman s’est entouré en novembre 2012 de ses musiciens, Patrick Balbin à la guitare, Cyrille Catois à la basse, Marc Deotto à la batterie et Moc’h Gwez à la bombarde pour l’enregistrement en public de ‘Hommage’, un CD-EP 4 titres sorti en mars dernier.
Premier titre, avec intro à la bombarde, ‘Entre Armor & Argoat’ est un premier hommage à cette ‘bretonnitude attitude’ qui coule au plus profond des veines de cet artiste aux couleurs de la lande et de la magie des légendes. Un blues lancinant, autobiographique, fort de sensibilité et avec cette pointe de nostalgie à en faire fondre plus d’un.
Deuxième titre, ‘Merci M’sieur Bill’, deuxième hommage à celui qui lui a montré la voie lorsqu’il n’était qu’un gamin en découvrant le vinyle d’un artiste légendaire qui lui a chanté le blues et présenté Géraldine. Titre dédié à son mentor, Monsieur Bill Deraime, gratifié de quelques poignants riffs de guitare.
Un troisième hommage est rendu à Glenmor, artiste incontournable et défenseur de l’identité bretonne, disparu en 1996, avec ce superbe titre engagé et toujours d’actualité, ‘Les Nations’.
Avec un dernier blues festif, ‘Pas de Peaux’, et quelques vérités bien pensées, Yann nous invite dans sa demeure où peu importe la couleur de la peau. Allez, venez, on va boire, on va rire, on va chanter et on va danser!
Alors en attendant la sortie du nouvel album de notre Barde Breton du Blues, dégustez cette galette bénie des Korrigans avec par exemple un bon cidre bien frappé et découvrez ou retrouvez ce saltimbanque authentique et ses musiciens en concerts, vous ne serez pas déçus!
Paris-Move