WOVENHAND – Silver Sash

Glitterhouse / Differ-ant
Alternative Rock
WOVENHAND - Silver Sash

En près de trois décennies, le dénommé David Eugene Edwards est quasiment parvenu au statut de certaines de ses idoles personnelles, tels Ian Curtis et Jeffrey Lee Pierce. Petit-fils d’un prédicateur pentecôtiste (qu’il accompagnait enfant, dans ses tournées au confins des Montagnes Rocheuses et parmi les plaines rurales du Colorado), et passé successivement des confidentiels Denver Gentlemen (avec Jeffrey-Paul Norlander et Slim Cessna) aux mythiques 16 Horsepower (avec nos compatriotes Pascal Humbert et Jean-Yves Tola), Edwards mène depuis le split de ces derniers le non moins conséquent Wovenhand, avec le batteur et percussionniste Ordy Garrison, ainsi que du guitariste Chuck French (ici crédité en tant que co-auteur et producteur). À la tête d’une bonne vingtaine d’albums au total (incluant un pétrifiant duo avec Alexander Hacke, des Teutons Einstürzende Neubauten), David Eugene nous avait laissés sans nouvelles discographiques de Wovenhand depuis 2016. S’ouvrant sur les arpèges familiers de son banjo vintage, bien vite rejoints par les six cordes à l’écho sépulcral de French et le drumming solennel de Garrison, l’incantatoire “Temple Timber” ravive les spectres de bacchanales antiques, où dévotion et mortification ne s’avéraient jamais antinomiques. Sur les brisées de cette introduction en forme d’avertissement, on progresse en territoire hanté, où la désolation d'”Acacia” côtoie l’oppressante Gothic-Country de “Duat Hawk”, tandis que les instant classics “Dead Dead Beat” et “Omaha”, gorgés de fuzz et de distorsion, raniment les ombres toxiques du Gun Club et des Stooges de “Raw Power” (voire celles du Noir Désir déjà maudit de “Tostaky”). Tout aussi saturé, “Sicangu” évoque des sacrifices humains au soleil levant, tandis que “The Lash” et “8 Of 9” empruntent les flûtes et tom-tom beats améridiens auxquels Edwards voue une inextinguible dévotion (“Pour moi, être Américain, c’est vivre sur la propriété de quelqu’un d’autre, ou habiter chez lui… Tout ce que nous, le peuple qui avons colonisé cet endroit, avons à offrir, c’est du pipeau”). Personnage aussi délicat et attentionné en privé que spectaculairement possédé sur scène, on n’ose parler de “culte” à propos d’un artiste autant imprégné d’angoisse mystique et de culpabilité que David Eugene Edwards… Cela s’y apparente toutefois beaucoup, tant le Nick Cave de Birthday Party et le Jim Morrison de “Celebration Of The Lizard King” y trouvent à perpétuer leurs ténébreux sabbats.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 13th 2022

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