“WOODSTOCK, THREE DAYS OF PEACE & MUSIC”

auteur: Michka Assayas / GM Editions
Livre

L’anniversaire du festival de Woodstock (15-17 août 1969), exploité tous les 10 ans via des sorties audio de plus en plus complètes, ne pouvait qu’être dûment célébré en 2019. Si Rhino/ Warner frappe un grand coup avec le coffret 38 CD Back To The Garden/ The Definitive 50th Anniversary Archive, la (bonne) surprise vient aussi du rayon littérature, où des essais anglais sont enfin traduits en français (Woodstock, Three Days That Rocked The World, de Mike Evans, chez Sterling puis La Martinière), et vice-versa (Woodstock Live, de Jullien Bitoun, chez Gründ puis Cassell). Le présent ouvrage de Michka Assayas, contributeur émérite de Rock & Folk et instigateur du Nouveau Dictionnaire Du Rock en 2 volumes (Robert Laffont, 2014), fait assurément partie du haut du panier. En quelques 170 pages efficacement chapitrées “avant / pendant / après”, l’auteur nous emmène au cœur du rassemblement emblématique de la culture hippie qui changera la face du rock à tout jamais. Le projet initial dans un parc de la commune de Walkill, budgété à 500.000$, prévoyait 100.000 jeunes freaks. Un demi-million d’entre eux feront le pèlerinage à Béthel, à 75 km au sud-ouest de Woodstock, pour assister – gratuitement – aux concerts de 32 groupes. L’organisation de Michael Lang, qui a dû composer avec le refus des uns (Bob Dylan, Led Zeppelin, Jethro Tull) et l’indisponibilité des autres (Mick Jagger, des Rolling Stones, tourne alors Ned Kelly), navigue à vue. Et n’évitera la banqueroute que grâce à l’exploitation du film Woodstock de Michael Wadleigh, joint ici en double blu-ray grâce à l’association GM Editions/ Carlotta Films. Tous les artistes, qu’ils soient maudits (Bert Sommer absent du film, Tim Hardin défoncé), opportunistes (Richie Havens et son “Freedom” en open-tuning de Ré, Joe Cocker précurseur du air-guitar en T-shirt “tie & die”) ou touchés par la grâce (Santana, Sly & The Family Stone), ont inspiré l’auteur. Et, en son temps, Henry Diltz, seul photographe officiel du festival présent pendant deux semaines. La programmation-marathon du 3ème jour, ininterrompue sur plus de 24 heures (running order p. 56-57), aura eu raison des moins motivés… Au petit matin du lundi, Jimi Hendrix, dont le management avait négocié la tête d’affiche et le plus gros cachet du festival (18.000$), donnera un concert d’anthologie pour le dernier carré de fans, clairsemé sur un terrain d’ores et déjà sinistré. “Villanovia Junction” résonne jusqu’au clap de fin: Woodstock, c’est fini. En 2019, les baby-boomers sont à la retraite. La nouvelle génération – celle des pays anglo-saxons, toujours en avance sur leur temps – a faim de protectionnisme. Les Britanniques ont choisi de quitter l’U.E., et Donald Trump appelle à la construction d’un mur-frontière entres les Etats-Unis et le Mexique…

Jean-Christophe Baugé
BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METAL OBS’/ CLASSIC OBS’/ PARIS-MOVEROCK & FOLK

PARIS-MOVE, June 4th 2019