WOLF MAIL – The Wolf Is At Our Door

Kobalt / Sony Music
Blues-Rock
WOLF MAIL - The Wolf Is At Our Door

L’imaginaire lupin est répandu de longue date dans le blues (de Howlin’ Wolf à Walter “Wolfman” Washington, en passant par le “Wolfman Calling” de Dr. Feelgood), mais bien que le Loup s’annonçât à notre porte (comme le chantait jadis Reggiani), réaliser qu’il nous apporte en sus du courrier nous le révèle plus serviable que prévu! Né à Montréal en 1968, le guitariste et chanteur canadien Wolf Mail vécut tout jeune dans le Sud de la France, avant de migrer, encore adolescent, pour la Californie (où il demeura une quinzaine d’années). Résident australien depuis deux décennies, il en est à son septième album à ce jour, après son DVD live In Norway “Oseana Auditorium”. Ayant effectué la pré-production de cette nouvelle livraison aux studios Golden Retriever de Sydney, Wolf y assume plus que jamais la dimension transcontinentale  de sa carrière, puisque les parties de basse y furent enregistrées aux Pays-Bas et celles de batterie à Montpellier, dans notre Sud français, tandis que le mastering en fut réalisé à New-York!… Avec son beat heurté à contretemps, la plage d’ouverture, “Bad As Blues”, assume fièrement son homonymie avec le pseudo du regretté Chester Burnett, ainsi que sa filiation avec le Maître de la slide électrifiée, Elmore James. Le funky “Just In Time” semble revendiquer pour sa part la veine du Hendrix de “Crosstown Traffic” et “Band Of Gypsies”. Avec une touche similaire, “Don’t Fall Down” introduit le clavinet de Frank Van Yperen, qui en accentue l’ancrage early-seventies. Le slow viril “When I’m Gone” évoque Aerosmith dans sa pompe nineties, alors que le boogie-shuffle “Loner” s’avère une démonstration de pyrotechnie instrumentale dans l’esprit du “Jeff’s Boogie” des Yardbirds. La plage titulaire est un heavy mid-tempo auquel on peine à trouver un véritable intérêt, et confirme hélas certaines faiblesses de cet album. En effet, si Wolf Mail s’avère un vocaliste au registre limité, ce disque manque surtout (et à la fois) de cohérence et de diversité. En dépit d’une certaine disparité dans leur inspiration, chaque titre s’y voit appliquer les mêmes arrangements, suscitant à leur écoute une irrépressible sensation de monotonie, en dépit de saillies rock n’ roll telles que ces “Arleen” (entre Little Richard et CCR, avec le pumping piano de Mike Lattrell), “Like A Road” en forme de “Little Wing” (au fil duquel Mr Mail confirme quel guitariste fin et racé il demeure pourtant) et  l’instrumental final, “Albert’s Theme”. On sait bien que de nos jours, les services d’un producteur compétent sont devenus hors de prix, mais c’est sans doute cet apport crucial qui fait défaut à ces neuf plages, dont on soupçonne pourtant le réel potentiel sous-jacent. Sorry, Wolf, but keep a knocking…

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 8th 2023

::::::::::::::::::::::::::