Willie “The Lion” SMITH & Jo “The Tiger” JONES – The Lion And The Tiger

Jazz Odyssey / Frémeaux & Associés
Jazz

Né le 24 novembre 1897 à Goshen (état de New-York), et disparu le 18 avril 1973, Willie “The Lion” Smith fut sa vie durant le digne représentant du piano stride, en vogue dans les bouges de Harlem au début du siècle dernier. Ayant débuté sa carrière de musicien professionnel dès 1914, il s’engagea dans l’artillerie en 1917, le temps de combattre sur les lignes françaises. Dès sa démobilisation, on le retrouvait auprès de Mamie Smith (historique première vocaliste de blues jamais enregistrée). Relocalisé dans le New-York by night, son orchestre d’alors comprenait, entre autres, Cliff Jackson et Coleman Hawkins. Du “Rhythm Club” de la 132ème rue jusqu’à “Pods & Jerry’s” (où il établit ses quartiers), The Lion endossa dès les années 30 le statut de parrain bienveillant de la scène new-yorkaise. De Fats Waller à Art Tatum, en passant par Earl Hines, Count Basie et même Duke Ellington, on ne compte plus les jazzmen classiques qui revendiquèrent ainsi son adoubement. Après avoir accompagné successivement le shouter Big Joe Turner et Sydney Bechet, Willie “The Lion” Smith revint en Europe (et notamment en France), où il enregistra fin 1949 quelques faces (accompagné du batteur Wallace Bishop) sous la houlette de Hugues Panassié du Hot Club de France. Puis, début 1950, le remarquable LP “Reminiscing The Piano Greats”, au fil duquel il évoquait les pionniers du piano jazz qui bercèrent sa jeunesse. Son amour de l’Europe ne se démentit jamais, et c’est toujours à l’initiative de Panassié (et de son fils Louis) qu’il grava ces deux ultimes albums, captés respectivement mi-février et début juin 1972 à New-York, avec la complicité du grand batteur Jo Jones (surnommé “the Tiger”, et pilier au long cours de l’orchestre de Count Basie). Qu’ils se baladent sur des standards quelque peu surannés (“Beale Street Blues”, “Sweet Georgia Brown” ou “On The Sunny Side Of The Street”), ou qu’ils revisitent Jelly Roll Morton, Fats Waller et Cole Porter, c’est à un swing summit que se livrèrent alors les deux compères. Si le stride est depuis tombé en désuétude, et ne se joue plus guère qu’en musique de fond dans certaines cocktail parties, la fraîcheur de ces enregistrements (remastérisés avec soin) en restitue à point nommé l’esprit canaille et enjoué. En dépit de ses 132 minutes cumulées, ce double CD ne retrace pas l’intégralité des deux albums initiaux, mais s’augmente par ailleurs d’inédits roboratifs, où se distinguent les remarquables jams finales. L’occasion de réécouter cette musique avant qu’elle ne sombre irrémédiablement dans le pilotage automatique.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

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Coffret 2 CD à retrouver sur le site de l’éditeur Frémeaux & Associés, avec tracklisting complete des deux CD (précisant notamment la durée de chaque titre et l’année de son enregistrement) ICI

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