WILL JACOBS – Goldfish Blues

Ruf Records
Blues
WILL JACOBS - Goldfish Blues

Bien qu’à peine âgé de 29 ans, le jeune guitariste et chanteur Will Jacobs n’en arbore pas moins un cursus qui le distingue du simple statut de newcomer. Natif de Chicago (il doit exister pires endroits pour s’initier au blues), il s’y frotta, encore adolescent, au circuit exigeant des clubs locaux, pour se signaler avant même son 17ème anniversaire, lors de l’édition 2009 du Memphis International Blues Showcase (à la tête de son propre groupe d’alors, Dirty Deal). Après une résidence au Sri Lanka et quelques tournées avec C.J. Chenier, le garçon atterrit à Berlin, y établissant une base arrière d’où il essaima à qui mieux-mieux sur notre vieux continent (d’Ukraine en Pologne, et d’Allemagne jusqu’en Arménie et en Espagne). Après avoir publié un album conjoint avec l’harmoniciste teuton Marcos Coll, il suscita l’intérêt d’un Thomas Ruf rarement frappé de surdité, pour accoucher enfin sous sa houlette de son premier album solo. Enregistré “at home” (et en une semaine) dans un studio berlinois, ce dernier le présente judicieusement entouré d’un quarteron d’excellents musiciens du cru, orgue Hammond inclus. Si le funky “Come Back To Me” d’ouverture accuse les influences convergentes de Larry Garner et de SRV, le swing-jazz feutré “Katie’s Blues” révèle une part significative de ce que Will acquit au cours de son passage sur les bancs de la Berklee School Of Music. Que ce soit en termes de créativité harmonique ou de subtilité dans le toucher, on s’y rassérène de ne pas s’y trouver une fois de plus confronté à un stérile shredder épate-gogo. Juteux à souhait sur tapis de clavinet et section rythmique groovy, la plage titulaire, “You Do You”, “Grooving With You” et le non moins trépidant (et pertinemment intitulé) “Funky Woman” renvoient aux fins de carrières des regrettés Freddie King et Johnny Guitar Watson, choristes mutines et basse turgescente à l’appui. Les six cordes s’y répondent comme au feu d’artifice (toutes cocottes et wah-wah dehors), et l’on se croirait revenu au temps miraculeux de ces “Burglar” et “Ain’t That A Bitch”, qui abattirent les cordons sanitaires que tentaient alors d’ériger maints ayatollahs entre le funk et le blues électrifié. Impossible en tout cas de ne pas y remuer le popotin et tout le Saint-Frusquin! En tant qu’impétrant soul man, Will assène ensuite l’imparable ballade “I Wish”, avant que son Chicago shuffle natal ne reprenne ses droits pour un “Dirty Dog” gavé de triples-sens (et de licks lubriques partout). C’est simple, on se croirait chez Magic Slim, un soir où John Primer aurait été de passage (la bamboula, en somme). Will ne laisse pas retomber la mousse, avec un “One Day At A Time” au fil duquel on mesure à quel point la rythmique germanique est parvenue à s’imprégner du groove amerloque (sans doute un des nombreux effets collatéraux du plan Marshall). Seule cover du lot, le “Don’t Burn Down The Bridge” qu’interprétait Albert King ferme le ban de cet album tellement débordant de vie et de chutzpah qu’en d’autres temps, on l’aurait sans doute assorti d’un avis parental. Mince, alors!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 15th 2022

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Ce jeune guitariste natif de Chicago est partie prenante de la Blues Caravan 2022 avec la jeune chanteuse guitariste pianiste américaine Katie Henry et la toute aussi jeune chanteuse guitariste belge Ghalia Volt, lui qui séjourne dorénavant en Allemagne. Il faut dire qu’il a depuis son arrivée en Europe pris le temps de la sillonner en long et en large, de la Pologne à à l’Ukraine, en passant par l’Arménie et l’Espagne… Il a tourné avec le maître incontesté du Zydéco, C.J. Chénier et a même établi une résidence musicale au Sri Lanka. Il faut rappeler qu’il baigne dans l’univer sdu blues depuis belle lurette. Il a joué au Memphis International Blues Showcase, en 2009, avec un premier orchestre, Dirty Deal, et a étudié la musique au Berklee College Of Music. On retrouve 10 titres sur cette galette enregistrée à Berlin. Stef Rosen est à la guitare, Brian Sauls à la batterie, Matthias Falkenau au clavier d’un orgue, Thomas “Tomek” Germann à la basse. Il a composé tous les titres excepté une reprise d’Albert King, “Don’t Burn Down The Bridge” qui termine l’album. Une découverte que l’on doit au flair et à la sensibilité musicale de Thomas Ruf en personne. Vue la réputation de l’artiste sur scène, on ne peut que conseiller de rester vigilant en ce qui concerne les déplacements de celui-ci. Il se murmure que cela déménage beaucoup!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, November 4th 2022

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