WILL HOGE – My American Dream

Edlo / Modulor
Rock
WILL HOGE - My American Dream

À 47 ans, et après bientôt vingt piges d’une carrière consacrée par un hit album (“Anchors” en 2017), Will HOGE aurait tout pour être heureux, se détendre et profiter de la brise sur son back porch à Nashville. Au lieu de cela, ne voilà t-il pas qu’il se fend d’une violente diatribe contre l’administration de son pays, quitte à se mettre à dos une proportion non négligeable de ses followers. Quelle mouche l’a donc piqué, pour qu’il prenne le risque de diviser à ce point son propre public? S’est-il converti à l’islam? A-t-il viré communiste? A-t-il adhéré au parti démocrate, ou est-il abonné au New-York Times? Rien de tout cela. La raison en est plus triviale et viscérale à la fois: ce bon Will est père de famille. Son épouse est institutrice, et ses deux fils de 8 et 12 ans sont scolarisés. Et malgré la longue succession de tueries par armes à feu qui continue à jalonner le mandat d’un certain Donald, aucune restriction n’est à ce jour encore programmée pour réformer la réglementation des flingues aux U.S.A.. Remonté comme il l’est contre ce statu quo morbide, Will en a développé une conscience sociale acérée, et tout lui suscite désormais la nausée: le protectionnisme raciste à l’égard des migrants du sud (“The Illegal Line”), le nationalisme bigot et borné qui bafoue les valeurs fondatrices de la constitution (la plage titulaire), le populisme exacerbé (“Oh Mr Barnum”) et surtout bien entendu, le cynisme hypocrite qui préside (sic) à chaque nouveau décompte des victimes innocentes de la folie meurtrière en vigueur (“Thoughts & Prayers”). Sur le plan sonore, cela se traduit par une rage pas toujours contenue, entre le John Fogerty de “Fortunate Son” (“Gilded Walls”, “Stupid Kids”, “Nikki’s A Republican Now”) et le Neil Young de “Rocking In The Free World” (“Still A Southern Man”). Polémiste à souhait, ce brave Will se promène ces derniers temps affublé d’un t-shirt marqué “Tennessee Troublemaker”. Accordons lui, ainsi qu’à sa famille, l’asile artistique: après tout, nous aussi, on aime faire la leçon au monde entier, et nos armes, on les vend aux pays tiers pour qu’ils s’entretuent chez eux.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 6th 2019

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WILL HOGE – My American Dream a été chroniqué (en anglais) par nos amis de Americana UK, ICI, avec une note de de 9/10.

WILL HOGE – My American Dream a été également chroniqué (en anglais) par nos amis de Rolling Stone, ICI