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En juin 1977, j’effectuai mon premier séjour londonien. Réfrénez vos fantasmes par procuration, c’était le time-lapse absolu. Tandis que je m’étais rendu sur place pour filer le train à un pub-rock déjà en passe de virer obsolète (et que la presse musicale faisait ses gros titres de la vague punk alors à son apogée), qu’ouïssait-on à l’envi sur les haut-parleurs jalonnant Portobello Road? Je vous le donne en mille: “Go Your Own Way” de Fleetwood Mac… Smash-hit et blockbuster des deux côtés de l’Atlantique, le “Rumours” de cette bande de (déjà) vieux briscards raflait outrageusement la mise, et si je n’avais assisté in extremis à un concert survolté des Jam au 100 Club, je serais rentré en croyant dur comme fer que le Summer Of Love se représentait là-bas tous les dix ans. De Los Angeles (berceau historique de la folk-pop et du yacht-rock), le trio Wild (blase qui dans leur cas évoque davantage le grand air ensoleillé que les Stooges) s’enorgueillit de 230.000 écoutes par mois sur les plateformes, et de 8,5 millions de streams sur Spotify. Alors qu’on pourrait naïvement y déceler une habile acclimatation à nos temps connectés, la recette s’avère bien plus prosaïquement éculée. Des mélodies con-cons dignes de Kendji Girac et des New Kids On The Block (“Friend Like You”, “That Was Us”) côtoient ici des formules inspirées par la bande à Nicks-Buckingham (la plage titulaire, “Draw The Line”, “Take Time” ou le bien intitulé “Always Be The Same”). Pour le clash générationnel, vous repasserez, et leurs parents péroxydés au bronzage permanent peuvent siester sur leurs deux oreilles. Avec ces braves petits, leur progéniture ne risque pas de perturber leur week-end barbecue à coups de thrash-metal, de hip-hop ou de street-core incongrus. Pour conclure, la question demeure: le 21ème siècle est-il prêt pour un nouveau Fleetwood Mac? Et quand bien même le serait-il, en a-t-il vraiment besoin? Réponse mitigée: au regard de l’âge canonique des protagonistes initiaux, il est clair qu’une forme de relève s’impose, mais quoi qu’il advienne, le verdict viendra comme de coutume des college radios amerloques. N’oubliez jamais que dès l’origine, les initiales de Fleetwood Mac étaient FM…
PS: cette chronique fonctionne également en substituant Crowded House à Fleetwood Mac (cf.”I Believe In Us” ou “Keeps Me Coming Back”), ce que l’histoire récente a d’ailleurs déjà confirmé. Saint Moon Martin, priez pour nous!
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, February 17th 2021
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Annonce de la sortie de l’album de WILD, Goin’ Back, sur le site de Nettwerk Music Group: ICI
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WILD – “Love After Life” [Official Lyric Video]: