Folk

Authentiques frère et sœur (à la différence des White Stripes), Sara et Sean Watkins n’étaient respectivement âgés que de huit et douze ans quand ils se joignirent en 1989 à un certain Chris Thile, au sein de la formation bluegrass Nickel Creek qui commit sept albums en deux décennies. Sean à la guitare et Sara au violon se doublent chacun de remarquables vocalistes, dont les harmonies enrichissent Watkins Family Hour, collectif qu’ils agrégèrent au fil de leur résidence mensuelle au club Largo de Los Angeles. Cette formation à géométrie variable accueille depuis 2002 quelques musiciens de renom, tels que Benmont Tench (Tom Petty’s Heartbreakers), Sebastian Steinberg (Soul Coughing), Fiona Apple ou le batteur de luxe Matt Chamberlain (dont les états de service s’étendent de Soundgarden jusqu’aux Who, en passant par Bowie, Clapton, Melissa Etheridge, Leonard Cohen, Chris Isaak et Elton John). Après un premier album exclusivement constitué de reprises en 2015, son successeur n’en propose cette fois plus que trois (l’adaptation du “Accidentally Like A Martyr” du regretté Warren Zevon, ainsi que celles du “Neighbourhood Name” de Courtney Hartman et Taylor Ashton, et du “Keep It Clean” du bluesman Charley Jordan). De folk tunes ciselées (les splendides “The Cure” et “Just Another Reason”) en irish jigs et reels (“Snow Tunnel”, “Miles Of Desert Sand”, ou encore l’ébouriffant instrumental “Bella And Ivan”, où la virtuose complicité des six cordes de Sean et de l’archet de Sara fait merveille) et western-swing enjoué (“Keep It Clean” métamorphosé), Watkins Family Hour réveille une part de l’esprit festif des antiques Dan Hicks & His Hot Licks, tout en sachant préserver quelques plages plus introspectives (“Lafayette”, ou le réquisitoire anti-Trump “Fake Badge, Real Gun”). Un disque d’une éblouissante richesse musicale, témoignage de l’irréductible vivacité du folk contemporain.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 16th 2020