WATERSTREET BLUES BAND – Talkin’ About

Sniffin Snuffin Productions
Blues
WATERSTREET BLUES BAND - Talkin' About

Si l’on fait abstraction de leur notable différence d’échelle, le Canada et le Benelux présentent quelques similitudes. Engoncés parmi des nations dont l’hégémonie séculaire ne souffre quasiment plus grand débat, les résidents de ces territoires pâtissent en effet trop souvent du mépris plus ou moins larvé de leurs voisins. Ce traitement s’avère d’autant plus injuste que, comme leurs cousins belges, bataves et luxembourgeois, les Canadiens ont si bien assimilé les particularismes de leurs vis-à-vis qu’ils en proposent de fréquentes et roboratives synthèses, quitte à les incorporer à leur propre patrimoine (faut-il encore citer pour exemples Neil Young, Joni Mitchell, le Band, Guess Who et Steppenwolf, voire les belges Seatsniffers et Electric Kings?). Si les éthologues parlent en l’occurrence d’acculturation, les mélomanes se contentent de souligner l’érudition et le bon goût de ces autochtones. Originaire de Waterloo (dans l’Ontario), le Waterstreet Blues Band a publié un premier album voici presque vingt ans déjà, et deux de ses membres fondateurs mènent de ftont une carrière en duo sous l’appellation de Slivia Dee & The Boyfriend(s). Selon une démarche similaire à celle de la grande Dani Klein (figure de proue de la formation belge Vaya Con Dios), le Waterstreet Blues Band cultive un éclectisme de bon aloi: de la reprise en tango klezmer du “Temptation” de Tom Waits au languide “Riverside Child” et à la rumba louche de “Walked Away”, le chaloupé latin s’adosse ainsi parfois à l’accordéon qu’actionne Silvia Di Donato, tandis que celle-ci sait également user du Hammond B3 pour faire parler le groove, tout en partageant les lead vocals avec le bassiste Paul Sapounzi. Autant capable de rocker que n’importe quel garage band (la plage titulaire, à laquelle les six cordes de Ron Deyman apposent leur sceau brûlant, dépote ainsi comme un antique dragster) et de faire jumper le swing façon T-Bone Walker (“Laugh To Keep From Cryin'”, avec solo de piano façon Honey Piazza) que de faire hurler à la Lune le fantôme de Chester Burnett (“Vodka Drinkin’ Woman”), ce quintette sait aussi lâcher la bride à l’harmonica salace de Chris “Junior” Malleck pour attester de son persistant versant bluesy. Preuve s’il en fallait encore de leur ouverture, leur adaptation du “Miles To Go” de Samantha Fish opte ici pour une version bien plus agreste que celle de son modèle, avec une slide sur Resonator et un rockabilly beat, auxquels le chant de Silvia Dee imprime sa touche sexy, à équidistance entre Wanda Jackson et Sue Foley… Un album hautement revigorant!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, January 25th 2022

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Waterstreet Blues Band – TALKIN ABOUT (Official Video):

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