WATERMELON SLIM – Golden Boy

Dixiefrog
Blues

Même s’il pourrait aisément revendiquer le titre de “gueule la plus élégamment ravagée” de la scène blues-rock actuelle (maintenant que Calvin Russell a déclaré forfait), il serait trop réducteur de cantonner Bill Homans (alias Watermelon Slim) à ces seules considérations physiologiques. Qu’il reprenne avec brio le Révérend Willie Johnson (“You’re Gonna Need Somebody On Your Bond”) ou un traditionnel chant de corsaires, devenu l’un des hymnes officieux du Canada (“Barrett’s Privateers”), notre Mince Pastèque poursuit sa route sans se soucier outre mesure des aléas de l’existence. Désormais affranchi (?) de ses Workers, c’est depuis Winnipeg qu’il nous livre son dixième album. Le blues chez lui ne s’avère nullement un dogme, mais plutôt un climat. C’est ainsi qu’il passe sans heurt d’un Delta country blues bon teint tel que “Northern Blues” à une ballade folk contrite comme “Cabbage Town”, ou encore une valse lente au piano façon Tom Waits (“Winner Of Us All”). Toujours aussi concerné par le sort des sans-abri, des Vietnam veterans, et la lutte contre les inégalités. Le parallèle avec les préoccupations du regretté Calvin Russell ne se révèle donc pas si fortuit. Un album de Watermelon Slim aussi sincère que touchant !

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

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A voir sa gueule burinée, on suppute que William P. Homans, dit La Pastèque, n’a pas fait chauffer la marmite pendant des années en tournant des pubs pour Biactol. Diplômé d’histoire, ce vétéran pacifiste du Vietnam a progressivement abandonné son job de chauffeur routier pour nous conter des histoires blues et americana, l’harmonica aux lèvres et le dobro sur les genoux. Exclus du partage (“Mean Streets”) et autres working class zeros (“Winners Of Us All”) sont ici dépeints avec une bienveillance toute socialiste. L’élocution d’édenté à la John Lee Hooker sursignifie la lutte des classes. Plus fort encore, “WBCN” dénonce la célébration d’Ilse Koch, la chienne de Buchenwald, par des néo-nazis de Miami en 1972… Définitivement moins fun que le nanard sexploitation Ilsa La Louve SS, tourné trois ans plus tard dans les décors de la série Papa Schultz.

Jean-Christophe Baugé
Blues Magazine/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METAL OBS’/ PARIS-MOVE/ ROCK & FOLK

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Watermelon Slim revient sur le devant de la scène avec un album qui contient bon nombre de pépites. C’est le douzième opus en 44 années de carrière de Bill Homans et nous pourrions aisément classer celui-ci en deux rubriques différentes : une première qui évoque les compositions plutôt blues interprétées avec ses fameux Workers, et une seconde, davantage Americana, un peu dans l’esprit de ce que fut sa tournée de l’an passé en France. Toutes les compositions sont de Watermelon Slim, le maître des lieux, exceptées “Cabbagetown” écrite par le producteur du disque, Scott Nolan, “You’re Going To Need Somebody On Your Bond” du Révérent Willie Johnson et “Barrett’s Privaters” de Stan Rogers, (auteur compositeur interprète canadien de folk disparu dans une catastrophe aérienne de Air Canada à l’aéroport de Cincinnati à l’âge de 33 ans, après avoir enregistré 9 albums).
L’opus a été enregistré au studio The Song Shop de Winnipeg, territoire du Manitoba, Canada. Les participants sont W.P. Homans à l’harmonica et à la slide guitar, J. Miller à la batterie et aux percussions, G. Fournier à la double basse, J. Nowicki la guitare électrique, J. Ruso au piano, à la clarinette, à l’accordéon et à la mandoline, D. Zueff au violon, S.N. Native à la batterie et aux percussions, aux guitares (électrique et acoustique) et au chant. L’intérêt de ce nouvel album de Watermelon Slim n’est pas seulement musical, puisqu’il est l’œuvre d’un universitaire titulaire du diplôme de Journalisme et d’Histoire de l’Université d’Etat de l’Oklahoma et membre de Mensa International (Mensa est une organisation internationale dont le seul critère d’admissibilité est d’obtenir des résultats supérieurs à ceux de 98 % de la population aux tests d’intelligence !). Mais plus important encore, il représente à lui tout seul le négatif complet de ce que d’aucuns osent encore nommer “Le Miracle Américain” ! Engagé volontaire, Bill Homans est désormais membre actif (et à vie!) de l’organisation “Vietnam Veterans Against the War”. Longtemps chauffeur-routier, Watermelon Slim ne cache pas ses origines prolétaires et est militant socialiste aux Etats Unis, ce qui n’est pas rien. Au-delà de sa musique authentiquement roots, il convient de mentionner des textes qui traitent aussi bien des SDF, Mean Streets, JFK et Dark Genius que des laissés pour compte du rêve américain, “Winners Of Us All” et j’en passe, qui justifient que l’on puisse le qualifier également de talentueux songwriter !

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine

Site web de l’artiste ici : Watermelon Sim