Watermelon Slim and The Workers – No Paid Holidays

Northernblues Music
Blues

Dans le précédent opus déjà, notre bon ami Watermelon Slim semblait avoir retrouvé une certaine sérénité, un détachement d’avec tout ce négatif du quotidien pour encore mieux profiter des plaisirs de la vie et qui se traduit par ce plaisir musical intense qu’il nous fait partager au travers des 14 titres proposés dans son nouvel album : ‘No Paid Holidays’. (‘Pas de congés payés’ – Remarque : Il est vrai que contrairement à la France où les salariés bénéficient non seulement d’une formidable sécurité sociale mais aussi de 5 semaines de congés payés (et très souvent de RTT), aux States comme dans de nombreux pays, quand on veut parfois pouvoir profiter d’autant de semaines de congés qu’ici – ou tout simplement de congés –, hé bien, ces semaines ne sont pas payées. Et désolé pour ceux que cette vérité froisse.)

Ce nouvel album de Watermelon Slim démontre que le bonhomme a conforté sa philosophie de la vie, celle qu’il s’était fixée après son accident cardiaque, en 2002, et dont, heureusement pour nous (et pour lui !) il se remit sans séquelles graves. « J’ai vécu une vie plus riche que vous ne vivrez en deux vies. J’ai fait une guerre et j’ai lutté contre l’autre. J’ai vu de tout et j’ai fait de tout. Et si demain mon avion s’écrase, je serai le premier là-haut. ». Et le premier, il l’est, pour sûr, déjà sur scène, et dans cet album où toute son énergie jaillit de partout, débordant des écluses qui tentent de freiner le véritable torrent qu’est le personnage. Un personnage qui a récolté en 2008 deux Blues Music Award (sur 6 nominations !) : le premier pour ‘Le groupe de l’année’ et le second pour ‘L’album de l’année’,…après avoir battu le record des nominations en 2007 avec 7 nominations à ces Blues Music Award. 

Celui qui est au Blues ce que Tom Waits est au rock vous propose ici un opus de grande qualité, au son carré et bien nourri, alternant compos et reprises, comme l’excellent ‘Call My Job’ signé Perkins/Williams ou ce ‘Down On Me’ de Fred McDowell. Côté compos, je ne peux que vous recommander le titre qui lance l’album, ‘Blues For Howard’, qui est à lui seul un concentré de blues rageur et dévastateur, tout comme ce ‘Archetypal Blues N°2’ où la voix de Watermelon Slim se fait doubler par la six cordes, le tout sur une rythmique en acier trempé, avant de lui laisser place nette pour un solo enlevé. Il est vrai que notre bonhomme sait toujours s’entourer de belles pointures, comme Cliff Belcher à la basse, Michael Newberry à la batterie, Ronnie ‘Mack’ McMullen à la guitare électrique et acoustique, sans oublier les incontournables invités : David Maxwell au piano et Lee Roy Parnell à la slide guitar. 

Mais Watermelon Slim sait aussi vous prendre complètement à contre-pieds, délaissant toute électricité pour vous proposer une chanson a capella et dans laquelle seul son harmonica a droit à quelques notes. Moment d’émotion intense avec ‘This Traveling Life’ qui sonne presque comme une chanson-épitaphe, avant un blues total acoustique, ‘Max The Baseball Clown’, et le retour à un blues électrifié propre à tout dévaster sur son passage : ‘The Bloody Burmese Blues’, sur lequel Ronnie ‘Mack’ McMullen vous livre un solo de six cordes à graver dans une compil des meilleurs gratteux de cette année 2008.

Enfin, impossible de passer sous silence le message que Bill ‘Watermelon Slim’ Homans adresse dans la pochette du CD à son pote Craig Lawler, harmoniciste, atteint d’un cancer et auquel il rend un hommage appuyé en lui glissant un dernier adieu, persuadé qu’à son retour de tournée ce brave Craig ne sera plus là. Un message qui prouve que oui, Watermelon Slim est bien un grand, un très grand bonhomme.

 

Lucky Sylvie Lesemne
BLUES MAGAZINE©
http://www.bluesmagazine.net

Watermelon Slim