Psychobilly

Petit exercice introductif: après 38 ans d’existence plus ou moins permanente, où en étaient donc ces fameux Rolling Stones qui fêtent, bon an mal an, leur sixième décennie cette année? Bonne réponse: ils avaient déjà muté de longue date en leur propre tribute band! Fondés en 1984 (année George Orwell), les Washington Dead Cats sont quant à eux toujours bien vivaces, comme en témoigne leur douzième livraison à ce jour. Depuis le “Ubangi Stomp” de Warren Smith et le “Stranded in The Jungle” des Cadets, l’exotisme de train fantôme façon Tarzan & Cheetah meet Jane demeure une constante de l’imagerie vintage, et l’on ne s’étonnera donc pas outre-mesure des borborygmes de singe (que l’on préfère ouïr ici plutôt que dans les stades) et percussions tribales qui en émaillent l’écoute (“The Swamp Thing Will Get You”). Désormais partie intégrante du combo, les cuivres pétaradent comme à pyrotechnie, tandis que les six cordes de The Duke (digne successeur du légendaire Lord Fester) rivalisent de sustain en reverb. Avec ses chœurs façon Armée Rouge, “Are We All Zombies” évoque (à l’insu de son plein gré ?) les inénarrables Leningrad Cowboys, tandis qu’avec son zinzinant Farfisa effect, “Man Made Monster” en fait autant du gang flamand Fifty Foot Combo, et que persistent les avatars des “Runaway Boys” et “Rumble In Brighton” des Stray Cats (“Black Moon Is Rising”, “Red Lights, Blue Lights”). Pour ultime bulletin d’insolente santé, ils concluent (sur un malentendu?) par une cover effrénée du “White Riot” de Clash, à faire jubiler Strummer depuis le tréfonds sa tombe. Bien davantage Tod Browning que Murnau, les MDMB (Matous Décédés à la Maison Blanche) perpétuent donc crânement, contre modes et marées, leur esthétique bravache où se télescopent allègrement Mata Hari et mariachis, Las Vegas et morts vivants, et Bela Lugosi avec Brixton. Ooga-Booga!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 16th 2022

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