Blues

Dire que le dernier disque de Monsieur Walter Trout est excellent relève du pur euphémisme tant énorme choc, immense surprise, plaisir intense et pur bonheur fusionnent ensemble à l’écoute de la nouvelle galette du musicien! Le titre de l’album, “Survivor”, est bien entendu un clin d’œil à ce qui lui est arrivé récemment. Autodérision ou sens de l’humour manié à la perfection, peu importe, car nous avions, en effet, failli perdre ce très grand Bluesman à la suite de très graves problèmes de santé heureusement résolus par une greffe du foie réussie. Toujours est-il que ce formidable lutteur qu’est Walter Trout nous est revenu avec une énergie retrouvée et en pleine puissance de ses moyens. Battle Scars, en 2015, We’re All In This Together, en 2017, et Survivor aujourd’hui l’attestent bien! Ceci dit, n’oubliez pas que Walter Trout en est quand même à 39 disques enregistrés avec différentes formations. Par contre, pas question de jouer ses compositions, cette fois-ci. Walter Trout a fait le choix assumé de ne reprendre que des compositions d’autres bluesmen. Il a puisé dans le répertoire de maître du genre, Jimmy Dawkins, Sunnyland Slim, Luther Johnson, Hound Dog Taylor, B.B. King, Elmore James, Otis Rush, Magic Sam, Mississippi Fred McDowell ou JB Lenoir. Une seule concession aux temps présents, John Mayall et son “Nature’s Disappearing” où le devenir de notre planète est évoqué, car Walter reste toujours en prise avec l’actualité qui l’entoure. On comprend mieux d’ailleurs pourquoi il interprète le “Be Careful How You Vote” de Sunnyland Slim, lorsque l’on sait que l’artiste a déménagé avec toute sa petite famille au Danemark depuis l’élection aux Etats-Unis de celui dont on ne sait plus avec qui on peut ou pas prononcer le nom. Accompagné de ses fidèles musiciens, Michael Leasure à la batterie, Johnny Griparic à la basse et de Skip Edward au clavier et avec 2 special guests, Sugaray Ford au chant et Robby Krieger à la guitare slide, il nous propose encore aujourd’hui un pur joyau de musique Bleue! C’est d’ailleurs dans les studios de Robby Krieger, “the” guitariste des Doors, que l’opus a été enregistré. Signe que les décennies n’ont pas de prise sur la vraie bonne musique et que les chemins de vie des vrais bons musiciens finissent toujours par se (re)croiser.
“Survivor Blues”, une formidable claque au destin!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)