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Ce n’est un secret pour personne: Villagers est le véhicule exclusif de son leader, Conor O’Brien. Encore auréolé du succès de leur premier essai en 2010 (le justement célébré “Becoming A Jackal”), il prend déjà le temps d’un surprenant regard rétrospectif sur une carrière qui n’en est encore qu’à ses prémisses. Enregistré en une seule journée aux fameux studios Rak de Londres (que fonda dans les sixties le vorace Mickie Most), ce quatrième album propose ainsi pour l’essentiel des relectures de compos de leurs deux premiers LPs. Son principal intérêt (outre leur interprétation empreinte de fraîcheur et de spontanéité) réside dans la relecture qu’en offre le line-up actuel de Villagers (celui du troisième album, pour ceux qui suivent). Entre l’écriture ouvragée d’un Sufjan Stevens et les arrangements tour à tour bucoliques et éthérés des premiers Turin Brakes, l’instrumentation laisse ainsi la part belle à la harpe, au piano, au mellotron et au bugle, pour sertir le picking délicat et le timbre sensible d’un O’Brien audiblement touché par la grâce. Pour que le festin soit total, Conor se fend ici de sa propre version du “Memoir” qu’il avait offert à Charlotte Gainsbourg (prenant ici les accents du meilleur Paul Simon), et conclut sur une cover du “Wichita Lineman” de Jimmy Webb. Histoire d’enfoncer le clou: comme Jude et Ron Sexsmith avant lui, Conor O’Brien parvient à s’inscrire dans un classicisme pop-folk intemporel, tout en lui apportant un souffle nouveau.