VIKTOR HUGANET – ROCK’N’ROLL VO/VF

BIG BEAT RECORDS
Rock 'n roll
Viktor Huganet

S’il y a une tornade, un tsunami, un ouragan, que les météorologues et autres scientifiques n’avaient pas prévu dans leurs études des phénomènes sismiques, c’est bel et bien Viktor Huganet et son nouvel album intitulé Rock’N’Roll VO/VF (Big Beat Records), car à mon humble avis, le toulousain et son inséparable guitare Gretsch en bandoulière vont faire mal, très mal! Avec ce brûlot en incandescence, Viktor Huganet signe un retour inespéré aux fondamentaux du rock’n’roll et du rockabilly, qu’il conjugue avec une aisance déconcertante et avec le feeling des très grands, au passé, mais surtout au présent et au futur, tout en respectant scrupuleusement une certaine orthodoxie et un amour éperdu et passionné pour Eddie Cochran et Brian Setzer. Il y a quelques jours, je lisais dans le magazine Rolling Stone France à propos de Viktor: “Eddie Cochran sort de ce corps!”. Certes, même si cette métaphore grandiloquente est flatteuse pour Viktor Huganet, de le comparer ainsi à son idole absolue, personnellement, je répondrais en substance: “Viktor Huganet sort de ce corps!”. Car même si grâce à son papa et à ses disques de Cochran dépoussiérés et exhumés de la vieille malle du grenier familial, même si le jeune Viktor a été biberonné aux riffs de Summertime Blues, Nervous Breakdown ou Twenty Flight Rock…, imbibé telle une éponge aux œuvres interstellaires et immortelles de celui qui hélas connaîtra un destin tragique à l’âge de 21 ans, le 17 avril 1960, à bord de ce maudit taxi qui n’arrivera jamais à destination… Viktor fait du Huganet, avec sa propre empreinte et sa propre identité, même si l’inspiration Eddie Cochran et Brian Setzer est bien évidente, Viktor n’est absolument pas un énième fac-similé dénué d’intérêt, ou une copie fadasse des deux glorieux susnommés. A croire que la fée du rock’n’roll s’est penchée sur son berceau et d’un coup de baguette magique l’a choisi pour devenir le digne successeur et le fils spirituel de Cochran et le doter de merveilleuses vertus artistiques, de chanteur, d’auteur-compositeur et bien entendu de guitariste hors pair. Sans occulter son physique, sa gueule de l’emploi à jouer dans American Graffiti de Georges Lucas ou Twin Peaks de David Lynch, entre archange biblique et mauvais garçon des ruelles obscures à l’activité interlope, un minois entre Eddie Cochran, James Dean, Thierry le Coz (Teenkats) et Brian Setzer. Sa voie (voix) était alors toute tracée, Viktor deviendra un chanteur de rock’n’roll convaincant et un extraordinaire guitariste. Il a tout, absolument tout pour entrer dans la lumière et s’en accaparer pour ne jamais retourner dans le terne et le blafard. Viktor est le genre de personne qui, lorsqu’elle entre dans un resto, tout le monde soudainement se tait, l’observe d’un regard envieux et laisse-tomber son entrecôte de l’Aubrac ou son cassoulet de Castelnaudary. Avec cet excellent opus enregistré sous la houlette d’un certain… Jacky Chalard, Viktor Huganet prouve que le véritable rock’n’roll n’est pas mort. De Eddie Cochran à Johnny Hallyday, il a voulu rendre un hommage appuyé à toutes ces légendes, de versions originales en anglais aux adaptations en français et réconcilie le rock anglo-saxon avec la langue de Molière et de Victor Hugo. Juste pour info et pour ceux qui auraient hiberné dans une grotte du Larzac durant ces cinquante dernières années, Jacky Chalard était le bassiste-chanteur-harmoniciste des groupes cultes Dynastie Crisis, Magnum avec Patrick Verbeke, Jean-Yves D’Angelo… Bistrock L’Ecole du Rock et le big boss du label Big Beat Records au début des 80’s, en plein trip rock’n’roll revival, avec Victor Leed, Chris Evans, Jezebel Rock, les Alligators… et aussi la résurrection éphémère de Vince Taylor et d’énièmes come-back sans lendemain, avant le sabordage final du Lucifer, du Belzébuth du rock en cuir noir, qui dans les années 60, fera passer Johnny Hallyday ou Eddy Mitchell pour des petits chanteurs à la croix de bois, malgré tout l’immense respect que je leur voue. L’album commence par cinq titres originaux dans la langue de Shakespeare, et par le tube de Marshall Crenshaw de 1982 Someday Someway, très bien classé au Cash Box et au Billboard Hot 100 et en 2023 magnifiquement interprété par Viktor qui le booste et lui donne un lifting bienfaiteur. A noter que dès 1981, le regretté Robert Gordon enregistrera ce titre. Le second titre est Brian Jim & Lee, un vibrant et sincère hommage aux Stray Cats, écrit et composé par Viktor, sa profession de foi, sa carte de visite, son ADN aux antipodes d’une image d’Epinal. Not Get Out est la version anglaise de Laisse Les Filles de Jil et Jan et de Jean-Philippe Smet. Lonesome Town est un titre splendide de Ricky Nelson de 1958, un slow-rock comme on disait à l’époque. Une fois de plus, la voix de Viktor fait des merveilles et il s’avère très crédible dans son interprétation. Lonesome Town sera également repris par The Ventures, The Jordanaires, Johnny Crawford, Ronnie Hawkins, The Cramps, Françoise Hardy, Paul McCartney et sera en bonne place sur la BO de Pulp Fiction de Quentin Tarantino (1994). Pour terminer la Face A du vinyle, C’Mon Everybody de 1958, du maître, (que dis-je ?), du Dieu Cochran. Qui d’autre que Viktor Huganet pouvait s’approprier ce titre sans susciter sourire narquois et réprobation, mais plutôt étincelles dans les yeux et palpitations du cœur et de l’âme ? A noter que pour ce titre, comme pour sa version française, Viktor est entouré de deux Hot Chikens, Jake Calypso (Hervé Loison) à la basse et Thierry Sellier à la batterie. Sans oublier Etienne Dombret au piano. La face B du vinyle contient les cinq mêmes titres, dans leurs versions françaises, comme notamment Un Jour ou L’Autre pour Someday Someway, Laisse Les Filles pour Not Get Out, Rue des Cœurs Perdus pour Lonesome Town, adaptation de Pierre Delanoë pour Richard Anthony, entre autres… Et pour conclure Comment Vas-tu Mentir? pour C’Mon Everybody, adaptation d’Eddy Mitchell sur l’album Eddy in London de 1963. Et si le futur était Viktor Huganet? Et si l’intéressé allait être le détonateur, le facteur X tant attendu pour redonner au rock’n’roll ses lettres de noblesse et la place dans les médias qu’il n’aurait jamais dû perdre? Et si le toulousain était la réincarnation physique et spirituelle d’Eddie Cochran revenu au pays des vivants pour parachever son œuvre, ou le jumeau de Brian Setzer, tout en préservant sa propre originalité? Sa Gretsch semblant faire partie intégrante de son anatomie. Sans être madame Soleil ou Elisabeth Teissier, sans lire l’avenir dans le marc de café ou dans une boule de cristal, j’ai la certitude que dans un futur proche, vous allez entendre parler de Viktor et de sa musique virevoltante puisée au plus profond du rockabilly et de ses racines 50’s, l’essence même de l’authenticité tous azimuts. Viktor Huganet, musicien sincère, talentueux et généreux, vient de sortir un album VO/VF stratosphérique et sans bémol. INDISPENSABLE! La France va et doit sortir de sa léthargie. Ce n’est pas possible, elle ne peut pas passer à côté d’un tel phénomène. Ou alors…

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, July 1st 2023

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