VICTOR WAINWRIGHT & THE TRAIN – Memphis Loud

Ruf Records
Rhythm 'n' Blues
VICTOR WAINWRIGHT & THE TRAIN - Memphis Loud

Tout amateur honnête vous le concèdera: que l’on parle de blues, de rhythm n’ blues ou de southern-rock, le problème reste le même. Davantage que le risque de voir le nombre de leurs interprêtes s’étioler, c’est la raréfaction de véritables auteurs-compositeurs qui préoccupe. Quatre décennies de reprises à tout va commencent en effet à toucher leurs limites: combien de temps “Sweet Home Chicago”, “Further Up The Road” et “The Thrill Is Gone” pourront-ils encore suppléer la carence de nouvelles créations ? Il n’est que temps de réinjecter à ces répertoires le sang neuf et la vigueur que les aînés leur apportèrent généreusement au siècle dernier. C’est précisément ce à quoi s’attache le gargantuesque Victor Wainwright. Natif de Savannah en Georgie, mais désormais basé à Memphis, ce pur substrat sudiste ne s’avère en effet pas seulement un tonitruant performer (chanteur et pianiste tout bonnement renversant), mais aussi et surtout un songwriter de premier ordre. Sa personnalité chaleureuse et magnétique agrège les collaborations, comme en attestent les dix-huit musiciens qui l’entourent alternativement ici. Le climat général de cette seconde rondelle publiée chez Ruf (il en avait déjà sorti cinq ailleurs entre 2005 et 2015) est à la southern BBQ party qu’affectionnait le Little Feat de “Dixie Chicken”. Avec leur Louisiana beat et leurs cuivres rutilants, “Walk The Walk”, “Sing”, “South End Of A North Bound Mule” et “My Dog Riley” (toujours drivés de main de maître par le patron) renvoient en ligne directe à ces monuments de la Crescent City que demeurent les regrettés Dr. John et James Booker, tandis que la cavalcade titulaire exploite le concept ferroviaire à pleins tubes. Mais la botte secrète du bonhomme réside peut-être dans sa capacité à accoucher de ballades pianistiques à tirer des larmes, telles ces “Disappear”, “America” et “Reconcile” que Bob Seger, Glenn Frey et Billy Joel eux-mêmes doivent lui envier. L’enlevé “Creek Don’t Rise” doit d’ailleurs produire le même effet sur John Fogerty et cette baudruche pompière de Bruce Springsteen, tandis que le bien nommé “Golden Rule” revisite les terres funky et limoneuses des fratries Blues et Doobie, avec un Monster Mike Welch resplendissant en pareil contexte. Un album idéal pour danser, picoler, flirter et se faire des amis sans passer pour autant pour un idiot. C’est suffisamment rare de nos jours pour être signalé, non ?

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 13th 2020

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