Thrash metal

Des trois écoles du thrash des années 1990 – passéiste, rigolarde, technique – celle du dépassement de soi a fermé la première. Mais l’ascendant de l’égalitarisme démagogique sur l’élitisme méritocratique a fait long feu. Le thrash virtuose de Vektor, facile à labelliser “au-delà du delà”, n’est pas qu’emprunt (le logo de Voïvod, pour qui Vektor a ouvert en 2016) et originalité (l’accordage en Fa, contrariant les idées persistantes sur la corrélation entre down-tuning et pesanteur). David DiSanto (chant, guitare), homme de goût en matière de science-fiction, laisse libre cours à une imagination fertile pour assortir sa violence prescriptive de passages instrumentaux permettent de nous reposer de sa voix criarde. Son “raisonnement spécieux sur résonance spatiale” de l’astronaute banni qui, grâce à un élixir de rajeunissement, prend le contrôle du régime de la constellation du Cygne, rassemble une multitude d’images propices à l’évasion. Comment, dès lors, ne pas traduire notre stupeur par le biais d’épithètes inédites à l’écoute d’un “Liquid Crystal Disease” aux fulgurances black metalo-blastées démonte-pneu et déchausse-molaire? Après un “Pteropticon” en hommage à feu Jeff Hanneman, de Slayer, reprenant quelques caractéristiques de son jeu, Vektor contrevient aux règles que s’impose la concurrence en invitant des choristes de Philadelphie, PA, sur “Recharging The Void”. Cette partition peu orthodoxe de 13 minutes, longue comme un Hellfest sans pinte de bière pisseuse, n’est pas qu’une atonie passagère ou une variable d’ajustement pour équilibrer thrash agressif et respirations progressives. Elle évite l’embouteillage de fin de parcours, le fécalome haineux. Rarement les plumes journalistiques, enchanteresses, n’auront autant convergé. La Terre, déjà, ne porte plus David, mais aussi Erik Nelson (guitare), Frank Chin (basse) et Blake Anderson (batterie), réunis par un même faisceau de valeurs. Vektor a un futur, et sait qu’il a un avenir.

Jean-Christophe Baugé
BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METAL OBS’/ CLASSIC OBS’/ PARIS-MOVE/ ROCK & FOLK

PARIS-MOVE, April 10th 2021

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Vektor – Pteropticon (Official Audio):

Vektor – Collapse (Official Audio):

Vektor – Recharging the Void (Official Audio):