VARIOUS – If You’re Going To The City – A Tribute To Mose Allison

Fat Possum
Blues, Jazz
A Tribute To Mose Allison

Pour nombre d’amateurs de musiques anglo-saxonnes, Mose Allison ne représente guère davantage qu’une signature à l’arrière de l’une ou l’autre des pochettes de disques de leur collection (et encore, nous ne mentionnons ici que ceux qui n’ont pas abdiqué leur curiosité à Spotify)… Ce pianiste-chanteur (et à l’occasion trompettiste) blanc, né le 11 novembre 1927 à Tippo, dans le Missisippi, n’en exerça pourtant pas moins une influence déterminante sur nombre d’émules qui lui succédèrent dans la carrière. Il suffit pour s’en convaincre de citer la plage d’ouverture de l’édition originale du fameux “Live At Leeds” des Who (“Young Man Blues”, dont ils livrèrent également de rageuses versions aux festivals de Woodstock et Wight), mais aussi la cover de son “Parchman Farm” qui figurait sur le fameux album “Bluesbreakers” de John Mayall avec Clapton. Et la liste se prolonge ainsi presque infiniment, depuis les Yarbirds et Manfred Mann (“I’m Not Talking”) jusqu’au Clash (“Look Here”), en passant par Georgie Fame, Cactus, Blue Cheer, Norah Jones et Elvis Costello (pour ne citer que ceux-là). Trois ans après sa disparition, un aréopage d’artistes (ayant pour la plupart passé la soixantaine) se trouve réuni sur cet album en hommage au grand homme. Et l’on n’y compte guère de seconds couteaux, puisqu’y figurent notamment Chrissie Hynde, Bonnie Raitt, Jackson Browne, Loudon Wainwright III, Richard Thompson, Ben Harper et Charlie Musselwhite. S’ouvrant sur une version par Taj Mahal du désopilant “Your Mind Is On Vacation”, en tout point fidèle au swing de l’original (et rappelant au passage l’influence de Mose Allison sur Dr. John, Ben Sidran et Tom Waits), cette collection inclut la non moins malicieuse “My Brain” par le banjoïste virtuose Robbie Fulks (sur la mélodie du “My Babe” de Willie Dixon!). Jackson Browne poursuit dans la veine blues avec un “If You Live” traversé de sérieux soli de slide et d’orgue Hammond. Sur un diddley-beat hanté, Memphis Charlie partage les vocals avec Ben Harper sur un “Nightclub” que hante son harmonica, habité par un demi-siècle à en arpenter les planches. Chrissie Hynde confirme avec chien et panache qu’elle pourrait tout aussi bien interpréter Julie London, en livrant une terrassante version lounge de “Stop This World”. Iggy Pop reprend pour sa part sa performance sarcastique de “In The Deathcar” de Goran Bregovic sur la plage titulaire, tandis que la grande Bonnie Raitt se fend d’un magistral “Everything’s Crying Mercy” capté en concert. Loudon Wainwright et Richard Thompson nous ramènent au terreau folk-blues, tandis que Peter Case emprunte la voie du barrelhouse piano. Les frangins Dave et Phil Alvin raniment la flamme électrique de leurs Blasters pour un “Wild Man On The Loose” aussi expéditif que déchaîné. Frank Black chante d’une voix de tête “Numbers On Paper” dans un désopilant pastiche du Neil Young pastoral, et la conclusion échoit à Elvis Costello, qui interprète “Monsters Of The Id” avec la propre fille de Mose Allison, Amy. Au regard de la diversité des artistes qui lui rendent ici hommage, voici donc l’occasion de célébrer la gouaille, le swing et l’humour acerbe d’un auteur-compositeur (et swingster) dont l’ombre portée n’est sans doute pas près de se dissiper. Du moins, parmi les ultimes mélomanes de ce siècle, par ailleurs si productif en autruches culturelles…

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 15th 2019

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Une ribambelle d’artistes venant de tous horizons a décidé de rendre hommage à l’immense pianiste américain de Jazz (accessoirement chanteur et trompettiste) Mose Allison – 1927 – 2016. Ils sont plus de 15 à avoir répondu présents: Taj Mahal, Robbie Fulks, Jackson Browne, The Tippo Allstars, Ben Harper & Charlie Musselwhite, Chrissie Hynde, Iggy Pop, Bonnie Raitt, Loundon Wainwright III, Richard Thompson, Peter Case, Dave Alvin and Phil Alvin, Anything Mosel aka the Mose Allison Project avec Richard Julian & le John Chin Quartet, Frank Black (Pixies) et sa fille Amy Allison. Ce qui surprend, peut-être, c’est le label à l’origine de la galette, parce que nous avions l’habitude de le voir publier des albums de Blues 100% Blues bien que sa palette se soit davantage élargie ces derniers temps. Et cela même s’il y a quelques spécimens de la musique bleue parmi les artistes figurant dans la liste ci-dessus et d’excellents Blues également. Peut-être est-ce aussi le format “Anthologie” qui surprend également? On dit qu’il faut souvent se méfier des morceaux choisis, pas toujours représentatifs de tel artiste ou de telle période de sa carrière artistique… mais ce qui est certain, dans le cas présent, c’est par contre l’omniprésence de la qualité, et à tous les niveaux! Rien à jeter ou qui pourrait abaisser un chouia le niveau d’excellence de cet opus! Tout y est d’excellente facture, et plus qu’une introduction à l’œuvre de Mose Allison, il est même ici davantage question d’un album à faire figurer dans la discographie du maître. Magistral.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, December 15th 2019

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Site web dédié à Mose Allison: ICI

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