Soul

 

Avec ce troisième volet, l’amateur de soul vintage risque de tiquer un brin, puisqu’il s’agit des extensions du genre dans les funestes années 80. Le “Love Explosion” de Donnell Pittman qui ouvre le ban confirme ces craintes, puisque en dépit de maniérismes vocaux entre Stevie Wonder et Michael Jackson, c’est bien le disco beat abhorré qui y mène la danse. Le “Patience” de Rokk met ainsi la nôtre à rude épreuve, dans un registre cependant proche des premiers Chic, de même que les horripilants “Guilty” de Jackie Stoudermire et “I Love You” de Karriem. Les références late seventies défilent comme à la parade, depuis Barry White (“Love Is On The Way” de Bill Spoon ou “Try Me” de Wee) jusqu’à Bambi Jackson (“Standing By Love” d’Eula Cooper), à notre grande confusion. C’est l’éternel dilemme de ces musiques, où la démarcation s’avère souvent bien mince entre soul et soupe. Il n’en demeure pas moins que le grand Syl Johnson tire à nouveau son épingle du jeu (“Try My Love Again”, digne de sa période Hi), de même que quelques autres francs-tireurs (Elvin Spencer avec un “Lift This Heart” dans une veine proche d’Edwin Starr, ou Nate Evans avec “I Think It’s Time”, dans le prolongement des productions Curtom mid-seventies). Dans ce registre, quelques perles surnagent, comme le Cosmos Universal Band, “That’s What My Lady Says” d’El Anthony, ou encore “We’re Two Fools In Love” de Dyson’s Faces (évoquant les Chi-Lites). Une curiosité pour ses complétistes (qui le possèdent cependant sans doute déjà): “If You See Me” de 94 East, formation de Minneapolis où officiait alors un certain Roger Nelson, qui accèderait ensuite à la renommée sous le modeste sobriquet de Prince. Bref, la musique semblait alors épouser l’évolution des séries télé qu’elle accompagnait, quand “La Croisière S’Amuse” supplantait “Starsky & Hutch”… Qu’en aurait pensé Huggy? Peut-être aurait-il conclu, comme les bien nommés La’ Fez: “It just don’t matter”.