Blues

En Europe, on n’a jamais su reproduire le glorieux son du rhythm n’blues afro-américain des fifties. Par contre, notre vieux continent compte les plus brillants exégètes quand il s’agit de disserter sur le genre. Civilisation productiviste par excellence, l’Amérique a toujours préféré digérer ses propres richesses plutôt que de les valoriser. Exception majeure à cette règle: une poignée de DJs spécialisés a toujours su veiller à préserver ce patrimoine autant qu’à en perpétuer la flamme. Souvenons-nous qu’au temps de Wolfman Jack, le futur Sly Stone officiait au sein d’une station radio d’Oakland, tandis qu’un certain Peter "Wolf" Blankenfield en faisait autant dans l’agglomération de Boston. C’est la même démarche qui anime de nos jours un certain Mr Fine Wine à New-York. Cet azimuté semble avoir dédié son existence à l’exhumation et la restauration d’incunables singles issus des précieuses cryptes d’historiques labels tels que les légendaires King et Federal. Cette quatrième livraison vaut son pesant de chitlins: le "Hold Your Love" de Titus Turner (repris frénétiquement par le J.Geils Band quinze ans plus tard) côtoie ici des tueries gorgées de guitares aigrelettes et de performances renversantes, sur des rythmes twist, mambo ou bossa ouvertement destinés à repousser le mobilier jusqu’aux lisières du parquet. Pour le pitch, vous trouverez ici l’une des premières prestations vocales d’un jeune Freddy King, la pianiste Camille Howard sur un second-line beat typiquement New-Orleans, ainsi que quelques raretés signées Jimmy Scott, Wynonie Harris, Little Willie John et Jimmy Nolen, au milieu du pré-ska de Clarence Paul et de quelques curiosités doo-wop jump comme Sam Anderson & The Telstars, les 5 Royales ou les Lamplighters. Savoureux et relevé à souhait!