Various – All Night Long: Northern Soul Floor Fillers

Soul

 

Amateurs d’obscure vintage soul, attachez vos ceintures mais rangez donc vos chéquiers : plus d’un mois avant la date, le Père Noël vient de garnir généreusement vos petits souliers! De nos jours, ce qu’on nomma la Northern Soul revêt une dimension mythique. Un peu d’histoire: au mitan des sixties, la soul U.S. popularisée par Stax, Atlantic et Motown tient le haut du pavé dans toutes les discothèques du vaste monde. Avant la fin de la décennie, les cols pelle à tarte et les pantalons taille haute ayant été supplantés par les kaftans et le patchouli, la jeunesse européenne préfère désormais se déhancher sur Deep Purple, Led Zep et Iron Butterfly, et l’Angleterre suit le mouvement… Toute l’Angleterre? Non, car dans le nord du pays, quelques clubs courageux résistent à l’envahisseur hippie. Récalcitrante aux vapeurs psychédéliques, toute une frange de la jeunesse prolétaire (largement issue des courants mods et suedehead) s’immerge plus profond encore dans une sous-culture, où la recherche obsessionnelle d’incunables singles amerloques (pour la plupart parus sur des labels aussi confidentiels qu’éphémères) fait office de Graal. La plupart de ces rondelles font désormais l’objet de surenchères proportionnelles à leur extrême rareté, et tandis qu’elles débarquèrent initialement au compte-goutte depuis les soutes de militaires et marins, leur quête actuelle relève d’un titanesque travail d’enquête. Les 20 titres du premier volet de cette série (‘All Night Long: Northern Soul Floor Fillers’, chez Numero Group / Differ-Ant) compilent un échantillon hautement représentatif de ce sous-genre, entièrement fondé sur l’amour de connaisseurs également capables de se dépenser sans compter sur leurs dance-floors respectifs. Outre les premiers efforts de futures stars telles que Syl Johnson, on s’y délecte de démarquages plus ou moins naïfs de Curtis Mayfield (The Notations, The Webs), Smokey Robinson (Two Plus Two) et des Supremes (The Tonettes), mais surtout de l’enthousiasme contagieux de tous ces impétrants méconnus au Billboard d’alors. On en redemande, mais voici déjà de quoi se trémousser dignement autour du sapin: get down!

 

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico & BluesBoarder

 

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