VANESSA PHILIPPE – Soudain Les Oiseaux

Le Poisson Spatial / Modulor
Chanson, Electro-Pop
VANESSA PHILIPPE - Soudain Les Oiseaux

Plutôt que de se gausser sottement de la résurgence du double prénom, héritée de la variété française du siècle dernier (de Annie Philippe à Danyel Gérard, en passant par Franck Michael, Herbert Léonard et bien entendu les frangins Claude et Frédéric François), il convient, à l’écoute de ce cinquième album de Vanessa Philippe en près de quinze ans, de se livrer à un inventaire succinct de la pop funéraire au cours de la même période. Ainsi, avant le “Memento Mori” de Mustang, avait-on déjà pu dénoter chez Arthur Alexander une certaine inclination sépulcrale (et ce, dès son fameux “Anna”, brillamment repris par Lennon sur le tout premier LP des Beatles), de même que chez des Byrds en pleine commémoration post-kennedienne pour “He Was A Friend Of Mine”. Passons sur Ronnie Bird et son fameux “Adieu À Un Ami” (et la surenchère d’Eddy Mitchell avec “J’avais Deux Amis”), pour mentionner surtout Bobbie Gentry et “Ode To Billy Joe”, qui érigea la pierre tombale en vecteur incongru de hits transatlantiques. Car elle ne fait pas semblant, la Vanessa: comme Charlotte Gainsbourg avant elle, elle a réellement perdu sa sœur aînée en août 2019, et ce disque lui est dédié. Et telles le “Si Ce Soir Là” d’ouverture (d’une fallacieuse apparence badine, façon Sabine Paturel), ce sont bien douze nuances de deuil qu’égrène cet album aux teintes douces-amères. À nouveau réalisé par Pascal Parisot (aux guitares, aux claviers synthétiques et à la programmation), revoici le type de disques électro-pop dont les regrettés Jacno et Robert Palmer tentèrent de se faire les parangons voici quarante ans (remember “Johnny & Mary” et “Amoureux Solitaires”). Comme ce que produisaient Lio et Lili Drop en leur temps, cet album de facture sucre-glace (et à l’artwork vert d’eau évoquant une amère vodka daikiri) accomplit l’exploit d’émouvoir autant que ceux d’Isabelle Adjani ou de Jane Birkin dans les eighties (l’accent en moins bien sûr, sauf sur “Sister” et “Paradise”, comme par hasard). On peut imaginer stigmates plus infamants, vous en conviendrez.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, January 13th 2022

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