Blues, Folk |
Bien que sensiblement de la même génération que les Rolling Stones, Sir George Ivan MORRISON ne peut se targuer d’exhaler, à 70 ans passés, le même charisme cabossé. Le taureau irlandais arbore plutôt ces temps-ci le look “Porky Pig in the Stasi”: un foulard masquant à peine son goitre, un bitos vintage et une paire de lunettes noires lui évitant d’évoquer de façon trop flagrante l’Homme du Picardie. Le sex-appeal conjugué de Robert Hue et Raymond Barre, en somme. Si l’on y ajoute les témoignages de ses ex-compagnes et musiciens, on dresse le portrait d’un MORRISON caractériel notoire: acariâtre, cyclothymique, tyrannique et misanthrope à l’extrême… Mais par miracle, dès que cet handicapé relationnel s’empare d’un micro, toutes ces réserves s’évanouissent. Car le rouquemoute dispose depuis plus d’un demi-siècle d’un don de Dieu, et demeure l’ultime représentant d’une race d’élus qui compta en ses rangs Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan et Sinatra: the singers’ singer… S’il faut être aveugle pour trouver le moindre charme physique à VAN MORRISON, il faudrait être sourd pour ne pas succomber à l’émotion que ce nabot suscite par le moindre de ses phrasés. Alors certes, on guettera en vain le moindre sourire du patron ou de sa bande de clergymen (quand ce dernier n’est que bougon, c’est qu’il est dans un bon jour). Mais tandis que je vous sens douter de la nécessité d’acquérir la version audio-visuelle de cet objet, deux arguments plaident néanmoins en sa faveur. Outre l’extrême musicianship (difficilement traduisible dans notre langue) qui unit son combo actuel (sorte de synthèse britonne entre Little Feat et The Band), vous vous priveriez avec son format CD de deux dimensions cruciales: le spectacle de sa splendide choriste Dana Masters (dont les capacités vocales s’accompagnent d’une beauté africaine à tomber), et surtout, l’hommage du bled originel du gros Van, figurant dans le concert bonus. Sur la fameuse “Cyprus Avenue” de son Belfast natal (célébrée dans “Astral Weeks”), il reçoit l’hommage de ses compatriotes pour son 70ème anniversaire. Et la ferveur du public amassé y égale presque en dévotion celle des fans de notre Johnny national lors de ses funérailles nationales. Outre la résurgence inespérée de trois extraits de sa période Them (“Don’t Start Crying Now”, “Here Comes The Night”, “Baby Please Don’t Go”) et une version jazzy de son premier hit solo, “Brown Eyed Girl”, ce DVD témoigne de la vitalité d’un artiste encore en mouvement, tandis que nombre de ses contemporains ne vivent plus que sur leurs acquis.
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
The full “Van Morrison – In Concert” tracklist is:
‘Too Late’
‘Magic Time’
‘Wild Night’
Medley: ‘Baby Please Don’t Go’/‘Don’t Start Crying Now ‘
‘Here Comes The Night’
‘Every Time I See A River’
‘Cleaning Windows’/‘Be-Bop A Lula’
‘Let It Rhyme’
‘Whenever God Shines His Light’
‘Sometimes We Cry’
‘Going Down To Bangor’
‘The Pen Is Mightier Than The Sword’
‘Keep Me Singing’
‘Enlightenment’
‘Carrying A Torch’
‘Brown Eyed Girl’
‘Jackie Wilson Said’
‘In The Garden’
Bonus Concert: ‘Up On Cyprus Avenue’
‘Cyprus Avenue’
‘Celtic Swing’
‘Cleaning Windows’/‘Be-Bop A Lula’
‘Days Like This’
‘Precious Time’
‘Sometimes I Feel Like A Motherless Child’
‘Baby Please Don’t Go’/‘Parchman Farm’/‘Don’t Start Crying Now’
‘It’s All In The Game’
‘Burning Ground’
‘Whenever God Shines His Light’
‘And The Healing Has Begun’
‘On Hyndford Street’