Blues

Sous ses éternels dehors juvéniles, Manu Poliautre s’avère un sacré loustic. Un temps artisan du festival de blues de Cassel, il fut surtout la tête slideuse des Harpsliders, duo guitare-batterie primitive estampillé planche à laver, delta blues et bonne humeur. Il faut préciser que le lascar a fait ses humanités, et que rien du pre-war ni du post-war blues ne lui est étranger, depuis les Hokum Boys, Mississippi Sheiks et autres Harlem Hamfats jusqu’aux troubadours du Mississippi et des Appalaches, ainsi que Tampa Red, Joe Hill Louis et Doctor Ross. Après un intermède en trio (King Kazoo), le voici à la tête d’un paradoxal one-man band, U MAN SLIDE, qui accueille en auberge espagnole la fine fleur de la scène blues des Hauts de France, et plus si affinités. Parmi les autochtones, on remarque les époux Dominique et Chantal Pfinder (du combo folk La Cour Des Miracles), mais aussi le trompettiste Pher Motury, qui enrichit en mode ragtime deux reprises de Sleepy John Estes. En élargissant le cercle, on retrouve également ici la blueswoman Lise Hanick, mais aussi la lap-steel de Spencer Bohren (et son rejeton) sur trois titres. Loin d’un puritanisme sclérosant, si le parti-pris demeure ici majoritairement acoustique, l’ouverture vers l’Afrique de l’Ouest amorcée au temps des Harpsliders persiste (“Back to Africa”, “Algiers Point”), tandis que la fidélité de Manu à la figure tutélaire de Rory Gallagher s’illustre à deux reprises (“Off The Handle” et “Ghost Blues”).
13 des 17 titres proposés (dont 2 en ghost-tracks !) s’avérant des originaux, ce chouette album de U MAN SLIDE ne se complait pas dans un revivalisme suranné, mais affirme au contraire toute sa contemporanité.
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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