TYO BAZZ – PORTRAITS

Chanson française

Avec un sourire quelque peu malicieux, il vous dira qu’il est un lointain cousin du Bob Dylan ou l’enfant illégitime de Robert Johnson. Mais il est lui même, fidèle à ses convictions, il est Jean-Marc Sauret, il est TYO BAZZ, le disciple et le digne héritier de ces grands poètes aujourd’hui disparus, de celles et ceux qui ont apporté toutes les lettres de noblesse à la chanson française.
Souvenez-vous, à cette époque, les amoureux s’bécotent sur les bancs publics, les marins chantent les rêves qui les hantent, mais avec le temps va, tout s’en va, on oublie les passions et l’on oublie les voix, quand soudain, semblant crever le ciel et venant de nulle part, surgit un aigle noir.
Toujours en quête d’un monde meilleur, Tyo Bazz conjugue le verbe à l’Imparfait’. Errant entre les premières clartés de l’aube et la pénombre d’un crépuscule ‘Comme un chevalier troubadour’, les pieds dans la gadoue et la tête dans les étoiles, il nous guide sur les chemins de la vie. Il nous dresse un ‘AuTyo Portrait’ pour mieux nous compter ses états d’âme.
Ses textes, finement ciselés, et si riche est la rime qu’ils sont bien plus que des vers, ils sont ‘Autres choses’, il sont des clichés, ils sont des peintures vivantes, on entend les rires, on perçoit les larmes, toujours entre ombre et lumière, car la vie, chacun le sait, n’est pas toujours synonyme d’un long fleuve tranquille.
Chez Tyo Bazz, une chanson est un livre ouvert, une chanson est un miroir où chacun de nous, un jour ou l’autre, peut se reconnaître.
En “One Man Band” convaincu, pour mieux se mettre à nu comme à son habitude, une nouvelle fois il nous revient avec ses harmonicas, sa guitare et ses percussions Stomp-boxes de fabrication maison, avec ce cinquième album intitulé ‘Portraits’.
Au fil des 12 compositions, l’artiste porte un regard sur des personnages qu’il affectionne, certains dont il est proche, les dévoilant à mi-mots, en toute intimité, comme s’il voulait préserver leurs identités. Il nous parle également de quelques personnages illustres, de ces héros engagés et fatigués, feuilletant les pages de leur l’histoire, celle de l’humanité, tout en élargissant le pourtour du monde qui les entoure.
Poignant est ce titre ‘Madiba’, nuancé comme une carte postale en sépia, mêlant le noir, le blanc et le soleil de l’extrémité australe du continent africain, pour ne faire qu’une couleur, celle de l’étendard de la paix et de la fraternité. Madiba, je ne sais rien de toi que ce qui est commun, mais je relis tout bas le discours de ta main.
Avec cet autre titre, ‘Bapu Gandhi’, Tyo Bazz rend un superbe hommage au père d’une autre nation, à celui qui a toujours refusé le titre de Mahatma, dont la date d’anniversaire est fête nationale dans son pays et qui fut également déclarée journée internationale de la non violence par l’assemblée nationale des Nations Unies en 2007. Partout Gandhi, le miracle des hommes, l’espérance certaine, tu dessines et tu tisses les forces souterraines.
A nouveau, Tyo Bazz tutoie un autre personnage sur ce titre ‘Pierrot l’Abbé’, pour être plus proche de lui, pour que plus encore l’émotion nous étreigne, car pour certains, il est bien loin l’appel de l’hiver 1954, il est effacé des mémoires. Aujourd’hui les politiques ont tourné le dos, aujourd’hui les temps ont bien changé, y’a toujours plus de pauvres et d’affamés. Pierrot l’Abbé au coeur trempé, le bon dieu de bonne grâce a fait de toi son héritier.
Cet autre titre, ‘Pierre Rabhi’, est de brûlante actualité, car ce paysan, écrivain français d’origine algérienne, est un pionnier de l’agriculture écologique en France. Il appelle à l’insurrection des consciences pour fédérer ce que l’humanité a de meilleur et cesser de faire de notre planète-paradis un enfer de souffrances et de destructions. Ce titre est un message pour tous, y compris pour ce personnage haut en couleurs à la mèche rebelle, président d’une grande puissance. Tu le chantes si bien, Tyo. Pierre Rabhi, toi l’honorable banni, toi l’exclu au grand coeur, toi le semeur d’espoir, chacun de tes écrits est un souffle, est un cri, que le vent reverdit sur nos terres stériles.
Sur la couverture de l’album figurent 5 portraits, dont 4 sont les personnes illustres cités ci-dessus au fil des titres. Le cinquième portrait est celui d’un anonyme total pour le commun des mortels, il se nomme ‘Daddy Dan’, un ami très proche de Tyo Bazz. Cette juxtaposition ‘interdit’ le culte de la personnalité. Par le biais de cette pochette d’album, Tyo Bazz veut dire que nous sommes tous potentiellement des gens biens, et selon nos actions, nous méritons d’être connus et reconnus, ce qui est rarement le cas avec un culte de la personnalité et des idoles. Ce titre, ‘Daddy Dan’, est un ode à l’amitié. J’ai vu le travailleur, généreux et affable, consciencieux et rieur, poursuivre l’admirable. Daddy Dan, coeurs et âmes, j’entends quand tu proclames, je t’envoie plein d’amour, force au jour le jour.
J’ai totalement craqué sur le titre ‘Blues avec Papa’, co-écrit avec Carole Sauret, tant ce titre est complice, tant ce titre est fort en émotion, tant il est sublime, liant deux êtres chers. Durant quasiment dix minutes, nous sommes au coeur d’une conversation intime entre un père et sa fille:
– Je sais Papa, tu veux bien faire, mais n’en fais pas toute une affaire, ce mec c’est mon copain, il a un côté p’tit con, mais je t’assure que c’est le bon.
– Ne t’en fais pas, ma reine, le plus important c’est nous, que l’on se cherche, que l’on se perde, pourvu que le bonheur soit doux.
Ce titre est un énorme coup de coeur destiné à toutes générations confondues, il est l’âme de la vie.
Au grés des titres, tout en picking, guitare et harmonicas chantent le Blues, accompagnant ‘Le Petiot’, il avance à vélo, contre vent sous la pluie, ce Petiot n’a pas d’âge, je l’ai vu partout se battre avec courage.
Quand tu façonnes tes points de vue, ça nous fascine sans retenue. Les gens se racontent et te questionnent souvent, car tu ne peux rien conjuguer à l’imparfait, alors ce titre est pour toi, c’est ‘Le Fat pat Blues’
Tyo Bazz ne manie pas la langue de bois, sa prose n’est pas à l’eau de rose, pour preuve ce titre ‘Citoyen’. Il m’a crié respect, je n’ai pas entendu, la république est passée, ses valeurs évoluent. Egalité exigée, fraternité pour rêver.
Tyo, ‘Parle moi de toi’, car tes mots ont la magie de tout construire et reconstruire. ‘Praying’, que de travail et d’efforts, mais quels beaux résultats, les faits sont si forts que la vie me va.
Avec ce dernier titre de l’opus, ‘La vie est simple’, et il faut se le dire, il n’y a rien de mieux, les amis sont toujours là. Si les bagages te gênent, le ciel sera ton seul toit. La vie est simple, la vie est là, comme disait Rabelais.
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Comme le disait également le poète, le Grand Georges, en parlant d’elle, mais cela s’applique également à lui, à Tyo Bazz, tout est bon chez lui, il n’y a rien à jeter, sur l’île déserte il faut tout emporter.
Cet album ‘Portraits’, il faut absolument vous le procurer, tout comme les autres opus de sa discographie. Pour le, ou les commander, c’est très simple, rendez vous sur les sites de l’artiste. Vous pourrez également y écouter des extraits de toutes ses chansons et faire connaissance avec lui.
Sites à visiter: ICI et ICI
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Alain AJ-Blues
Rédacteur en chef-adjoint
PARIS-MOVE
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