Two Timers – The Big Casino

Credo Records
Blues

Partant de l’adage qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire et sachant, par ailleurs, qu’il nous est quasiment impossible de recenser toute la production discographique qui abreuve quotidiennement notre rédaction, ce n’est qu’aujourd’hui que nous avons l’occasion de vous parler du quatrième album de ce duo anglais passé maître dans les prestations scéniques de grande qualité. C’est du country-blues particulièrement tonique, mais pas seulement…! Cela fait parfois penser à du pub-rock bien déjanté, façon Dr Feelgood. Ce qui n’est guère surprenant puisque l’on retrouve dans le line-up des albums suivants de ce bon docteur, ‘Mad Man Blues’ (1985), ‘Brilleaux’ (1986) et ‘Classic’ (1987), le dénommé Gordon Russel à la guitare et qui accompagnait à l’époque Lee Brilleaux, P.H. Mitchell et Kevin Morris. Mais je crois me rappeler que c’est une histoire dont Gordon ne veut pas trop reparler…

Que ce soit en acoustique ou en électrique, la musique des Two Timers possède une fraîcheur et une spontanéité qu’il fait bon retrouver sur notre route pavée de CD. Ce quelque chose qui les rend irremplaçables et essentiels.
Le duo de musiciens natifs de Brighton nous propose onze compositions du meilleur aloi sur cette galette sortie en 2003 mais dont les médias n’ont que trop peu ou pas du tout parlé. A tort. Alors que Sarah James et Gordon Russel méritent autant de présence dans les médias que les Lucky Peterson et autres Joe Louis Walker.
Contrairement aux lourdes mécaniques qui alignent albums et tournées de manière industrielle, ces deux là proposent une musique quasi ‘artisanale’. Et c’est un pur hasard qui m’avait fourni l’occasion de les voir sur scène pour la première fois. C’était au siècle dernier, dans ma petite ville du Val d’Oise. Un soir mémorable d’un week-end de juillet où un déluge d’eau semblait annoncer une fin du monde proche de nous. Quelques hallucinés blottis sous de rares parapluies restèrent toutefois au pied de la scène, comme pétrifiés par l’énergie phénoménale qui se dégageait de ce duo en live: Sarah James au chant, aux percussions et à l’harmonica et Gordon Russel aux guitares, à la mandoline et à la valise-caisse de résonance.

Ces deux artisans de la musique populaire et festive font partager au travers de cet album leur amour de la musique et l’on s’en voudrait presque de les avoir passés sous silence si longtemps. Voilà aussi pourquoi nous sommes tellement heureux de les retrouver. Comme ces vieux copains auxquels on ne pensait plus vraiment et que l’on retrouve au hasard d’une virée.

Et puis un conseil d’ami: si leur nom figure à l’affiche d’une salle ou dans la programmation d’un festival, déplacez-vous pour aller vivre en ‘live’ ce que adorerez déjà écouter sur CD. Cela en vaut la chandelle et vous ne serez vraiment pas déçus.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)
TWo Timers