Putain de baffe que ce coffret Trust qui pourrait truster tous les meilleurs des qualificatifs. Déjà, y’a le coffret qui en impose, avec ses deux CD et ses deux DVD. Présentation nickel, même si le système de maintien des quatre galettes semble léger, mais c’est du Trust et du coup ca tient, comme par miracle.

 

Putain de baffe, ensuite, dès le premier CD envoyé. C’est ‘the’ concert du 4 décembre à l’Olympia, un concert événement qui laissait espérer que tout redeviendrait comme avant, quand Bernie & Co alignaient les concerts, dans les années 80.

En intro, c’est ‘Marche ou crève’, car faut encore et toujours qu’on marche, sinon on crève. Et ça, Bernie vous le balance à la gueule autant qu’il le chante, car rien n’a changé, comme si le peuple français avait cette capacité à se faire entuber jusqu’à plus soif avant que cela ne pète. Et tout cela chanté 30 ans après la formation du groupe. Putain que le temps passe vite. Trop vite.

 

Et lorsque l’on prend conscience que rien n’a changé, alors on gueule ‘Sors tes griffes’ avec Bernie, le pote du regretté Bon Scott, et on devient félin en liberté, même plus surveillée. Nono et Vivi aux guitares sont des lions en furie, faisant rugir leurs six cordes, tandis que la puissance dévastatrice de la rythmique, avec Iso à la basse et Farid à la batterie, transforme l’Olympia en temple de l’Olympe aux colonnes fracassées et au fronton fissuré.

 

La rage de chanter, de hurler les vérités est toujours aussi présente et Bernie envoie la sauce sur ‘On lèche, on lâche, on lynche’ tout comme sur ‘Le temps efface tout’. C’est du rock qui fait des étincelles, qui fait noircir les nuages et tomber la foudre, un rock vital dont l’essence coule dans les veines d’un Bernie aussi furibard que dans les 80’s, un Bernie toujours aussi monstrueux dans son envie de tout dévoiler, de tout mettre en pleine lumière pour mieux faire changer les choses. Et même si les scratchs de DJ Deck essayent de lutter contre, ‘le temps efface tout, c’est dégueulasse’. Bernie vous le gueule, vous le balance façon rockeur devant l’éternel. Et s’il n’en reste qu’un, ce sera celui-là, car le temps effacera tout, et surtout les autres.

 

Petite pensée pour Fred Chichin et pour Bon Scott, bien sûr, avant ‘Ton dernier acte’, qui figurait sur le LP ‘Marche ou crève’, sorti en 1981, et sur lequel figurait également le titre suivant, ‘Les Templiers’. Un premier CD qui se termine presque sur le premier titre du premier LP, ‘Préfabriqués’, avant ‘Surveille ton look’, comme si la boucle pouvait être bouclée par un seul CD. Un retour aux 80’s qui fait comprendre que trente ans plus tard, rien n’a changé. Putain de société. Ben oui, c’est ça, marche ou crève.

 

Sur le second CD, on retrouve quelques autres des gros calibres du groupe, tels ‘Police-milice’ et ‘L’Elite’, qui figuraient sur le premier LP, ‘Trust’, sorti en 1979, et bien entendu les titres porte-drapeaux de la rage Trust qui étaient sur le LP ‘Répression’: ‘Fatalité’, ‘Saumur’ (chanté en chœur comme un seule homme par tout l’Olympia, transcendé par la chanson), ‘Instinct de mort’, puis ‘Le mitard’, titre mis en musique par Nono d'après le livre ‘L'Instinct de mort’, écrit par Jacques Mesrine.

La voix de Bernie est aussi incendiaire qu’en 1980 et on frissonne lorsque tout l’Olympia reprend en chœur le nom de ‘Mesrine’. Un frisson qui se fera tsunami après les premières notes de guitare du mythique ‘Antisocial’, sans doute le titre du rock français le plus chanté par le public. Un titre qui non seulement restera gravé dans l’histoire du rock français, mais du rock tout court, tant il porte en lui les gênes de ce qu’est la nation française: révolutionnaire, fière d’elle-même, en lutte contre les inégalités. Antisociale, tout simplement.

 

Côté DVD, vous avez en bonus le DVD de ce concert du 4 décembre à l’Olympia et en super-bonus l’enregistrement du passage de Trust au légendaire Rockpalast allemand, le 5 juin 1982. Deux galettes qui transformeront votre salon en brasero, en volcan. Deux concerts dont la qualité d’enregistrement varie quelque peu, mais qui, au final, vous proposent de vrais ‘live’, sans ce côté hyper-sophistiqué des DVD dernière génération.

 

Avec Trust, vous revenez aux origines du rock, celui qui envoie, qui dégage, qui nettoie tout devant lui et qui redonne espoir aux exclus, aux laissés pour compte, aux bosseurs qui se lèvent tôt et qui crèvent pour des capitalistes puants. Et même si 30 ans plus tard c’est encore marche ou crève, Trust brandit haut et fort l’étendard du rock solidaire, et putain que c’est bon.

 

Frankie Bluesy Pfeiffer
www.myspace.com/frankiebluesy