| Folk, Klezmer |
Sixième album pour cette formation qui fête déjà son vingtième anniversaire. Né de l’amour du clarinettiste Vincent Westphal pour les musiques klezmer, ce quintette a progressivement élargi son registre à d’autres courants, toujours majoritairement orientés vers l’Est, comme le confirme l’appellation qu’ils se sont choisie. Ils accueillent sur cet opus une recrue de choix: la chanteuse et instrumentiste Melissa Zantman (kaval, accordéon, percussions). Le kaval (dont provient le titre) est une flûte oblique (diatonique ou chromatique selon les régions), usitée dans les musiques traditionnelles balkaniques (Serbie, Bulgarie, Macédoine, Roumanie, Albanie, Grèce). Mêlant dans leurs arrangements, outre les instruments précités, flûte, cistre, guimbarde, violon, clarinette et contrebasse, ces musiciens (tous également chanteurs) proposent neuf adaptations de traditionnels venus des quatre points cardinaux (Serbie, Hongrie, Georgie, Roumanie, Bulgarie, Israël), assortis de quatre originaux de la plume de l’accordéoniste Vincent Gaffet, ou de celle du violoniste Diego Meymarian. Si les musiques klezmer et tziganes imprègnent toujours leur répertoire, l’apport nouveau qu’y constitue le timbre aussi modulable que modulé de Mélissa Zantman les invite à enrichir encore leur panel choral et harmonique, ainsi qu’en témoignent les superbes “Zotar Mange”, “Oj Dodole”, “Aralo” (a capella) et le tzigane “Mama”. Porté par deux accordéons frénétiques, une guimbarde facétieuse et une rythmique torride, l’instrumental titulaire prend les accents d’une cavalcade à même d’inoculer la gigue tous les auditoires, tandis que les originaux “Ninanina Pizzica” et “Valzurka” nous entraînent depuis les Pouilles italiennes jusqu’en Pologne, et de la farandole à la mélancolie. “Vihma” nous transporte ensuite sur les rives du Bosphore, où les accordéons se répondent autour d’un chant polyphonique soutenu par un cistre, un violon, une contrebasse et des percussions vives. Comme son titre l’indique, “Le Désert” s’inspire quant à lui du folk touareg sur une trame délicate de cordes pincées, servant une mélopée où les voix des protagonistes se rejoignent en crescendo. Cette très belle collection se referme sur le nostalgique “Jaj De Bajos” (d’inspiration hongroise), suivi d’un “Petruno” bulgare et enjoué, introduit a capella pour culminer en apothéose. Quand l’ouverture au monde confine à la haute voltige musicale et polyglotte, cela s’épelle Tram des Balkans. Aussi jubilatoire qu’impressionnant!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, August 14th 2023
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https://www.youtube.com/watch?v=BiLVLURhsO8
https://www.youtube.com/watch?v=UuqK1_vwjYM
https://www.youtube.com/watch?v=w2FfVm1D-8A