TRACK DOGS – Where To Now?

Monde Green Records
Folk

Deux Irlandais, un Américain et un Anglais se rencontrent à Madrid à l’automne 2006, et complotent aussitôt pour y former un quartette folk. Pour ajouter à leur singularité, ces lascars se débrouillent pour racheter (et déménager en Espagne) une console analogique Studer A80, depuis les inénarrables studios londoniens d’Abbey Road. Troisième de leurs albums commis à ce jour sur ce matos vintage, celui-ci s’avère déjà leur neuvième. Toujours aussi déterminés à mêler leur americana background à tout blend susceptible d’en relever l’arôme, la mandoline de Dave Mooney se marie à la trompette de Howard Brown, au banjo de Robbie K. Jones et aux lead vocals de Garrett Wall dès les enjoués “Every Dog’s Day” et “My Love Feels Real”, qui n’auraient pas déparé la B.O. du “O’ Brother” des frangins Coen. Il faut en avoir assimilé, du patrimoine folk vernaculaire, pour régurgiter avec tant de naturel onze originaux de ce calibre. Surtout à notre époque, où tout semble pourtant avoir déjà été dit en ce registre. “She Sang Songs” et la plage titulaire sonnent ainsi comme du CSN revisité par Miles Davis (ces harmonies vocales sur cordes boisées, auxquelles s’accorde sans effort ce cornet autant en phase qu’inopiné), tandis qu’ils invitent Cathy Jordan à célébrer Lila Downs, Doug Sahm et Freddy Fender sur les tex-mex “River Of Gold” et “Donna Lola” (avec le melodeon de Simon Care, du groupe Banter). Ils ne répugnent pas à exhumer le classique “Carolina In My Mind” de ce désormais birbe de James Taylor pour en restaurer la sève initiale, mais ce sont les arrangements de cordes et cuivres auxquels les initia leur mentor Eli Bishop qui font la différence sur les délicats “Meet Me In The Middle” et “Less Than Equal”. L’irlando-appalachien “Empty Tracks”, ainsi que le folk subtil de “At A Time Like This” et “Last Lick Of Light” achèvent d’asseoir l’identité particulière de ce combo qui se rit des vogues et des modes: folk’s not corny, nor dead, and it’s here to stay!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 3rd 2022

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