Tournée Générale – Tournée Générale

ArtDisto – Wagram
Rock
Il y a bien longtemps que nous n’avions pas reçu à la rédaction de Paris-Move un opus aussi réjouissant, aussi plaisant, aussi bourré d’humour. Et ça, sans nous être offert notre première tournée générale, car pour la première écoute, nous avons été d’une sobriété exemplaire. Par la suite, cela s’est un peu gâté, mais fallait bien suivre le combo à la lettre, et rien qu’à son nom déjà, Tournée Générale. Et puis comme le titre de l’album portait le même titre que celui du groupe, ou vis-versa (de vice), on s’est écouté le CD à la santé d’une autre tournée générale.
 
Faut reconnaître que question santé, ils y connaissent un rayon, les frangins Baldini, car cela va faire cinq ans qu’ils écument les bars (hé oui…) et les salles de concert (avec ou sans bars, je n’ai pas vérifié), et fallait une sacrée santé pour les assurer, ces quatre cents et quelques concerts sous le signe d’une tournée générale.
Ceci dit, les lascars ont incontestablement du talent, un talent à ciseler les paroles comme à délivrer leur zik de comptoir. Un talent que des piliers de comptoir iront vous expliquer comme étant génétiquement lié au subtil mélange d’alcools connus d’eux seuls et dont la recette se trouve quelque part, cachée, codée dans les paroles de l’une des 14 chopes de cet album-bistrot qu’on ne quitte pas facilement, je peux vous le dire.
 
Faut dire qu’a force de boire des titres comme ‘Avancer mes groles’, ‘J’suis libre’ ou ‘Vous êtes mignons’, on a plus tendance à rester coller au comptoir qu’à s’en aller, quitte à ce que bobonne râle et vous gueule que le rôti est cramé. Mais tant pis, comme y’a tournée générale, on reste là, avec les potes Baldini, et on se remet ‘Ivrogne et pourquoi pas’.
 
Et avant d’envoyer ‘Les filles, les fleurs’, deux mots, oui, deux mots sur ces poteaux que sont les Baldini, car quand ils débarquent dans un bar, c’est en famille. Du moins entre frangins, avec J.P., dit ‘Le Poulpe’, celui qui joue de la gratte et qui chante, Quentin, dit ‘Le Pouz’, au chant également mais aussi à la basse, et Max, dit ‘Le Saucisson’, à l’accordéon et au chant. Mettez Matt, dit ‘Mammouth’, un quatrième frangin, en face d’eux, à la technique et vous avez les quatre mousses-ketaires d’une chanson française de bistrot (enfin) retrouvée.
C’est un cocktail de Bourvil mélangé à du Ferré et du Higelin et ca vous brûle le gosier façon trou normand, alors même que les loustics sont de Lorraine. Ce qu’ils vous chantent, d’ailleurs, dans ‘La Lorraine’. Chanson non seulement agréable à écouter, mais culturelle, puisque vous y apprendrez que toutes les plaques d’égout sont fabriquées….en Lorraine.
 
Et après la tournée culturelle, celle de la politique, avec cette sublime chanson aux paroles délicieusement tournées, ‘Vous êtes mignons’ et dans laquelle les politiciens prennent via un humour décapant et subtil à la fois, une belle claque de réalisme.
Car toutes les chansons de Tournée générale sont bien tournées (jeu de mot…), avec ce qu’il faut de réalisme et d’ironie pour n’être ni trop méchantes ni trop acides face à cette réalité qui use les hommes. Ecoutez les propos de ceux qui ont perdu leur emploi dans ‘Avenue du Dragon’ et vous sentez gronder ce vent de révolte que savait traduire un mec comme Léo Ferré. Ecoutez ‘Vous êtes trop mignons’ et vous aurez en paroles bien tournées ce que les piliers de comptoir vous lâchent sur ceux qui font de la politique, mais avec des mots bien plus violents. Ecoutez ‘J’suis libre’ et vous regarderez d’une autre manière, voire vous parlerez d’une autre manière à ceux et celles qui ont perdu amour, amis, boulot, joie de vivre. Ecoutez ‘Ivrogne et pourquoi pas’ et vous ne saurez plus où et comment boire, même si c’est Tournée Générale qui vous invite.
 
Un album au rythme gai et plaisant qui, à la seconde tournée générale, vous rendra encore plus gai. Un album au plaisir contagieux et contre lequel il n’existe encore aucun vaccin.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
 
A consulter, regarder et écouter:
Tournee-Generale