TONY JOE WHITE – Smoke From The Chimney

Easy Eye Sound / Bertus
Swamp Blues
TONY JOE WHITE - Smoke From The Chimney

Bien que décédé voici plus d’un demi-siècle, Jimi Hendrix a encore publié un album l’an dernier, tandis qu’Elvis, Michael Jackson, Prince, George Harrison, John Lennon et J.J. Cale ont eux aussi poursuivi de lucratives carrières posthumes. Il ne faut donc guère s’étonner que les légataires de Tony Joe White (disparu le 24 octobre 2018) s’y consacrent à leur tour. Pour les trois derniers cités, les curateurs se révèlent sans surprise leurs veuves et rejetons respectifs, et ce sont ici Leann (légitime du Swamp Fox depuis 1964) et leur fils Jody (manager et producteur de son paternel vingt ans durant) qui s’y collent. Ils n’ont pas eu à chercher loin l’arrangeur ad hoc pour mettre en forme ces neuf démos, puisque le désormais omniprésent Dan Auerbach harcelait déjà Jody White à cette fin du vivant de son père. Fan déclaré du disparu, Auerbach s’est manifestement inspiré pour ses orchestrations de la période Warner de celui-ci (early seventies), quand pedal steel (ici assurée par Paul Franklin), orgue (Roy Jacildo), cordes et cuivres alanguis enrobaient son timbre grave et profond. La plage titulaire introductive (de même qu’”Over You” et “Billy”) évoque ainsi le majestueux “For Ol’ Times Sake” (paru en 1973 sur le mythique “Home Made Ice Cream”), où le grand homme marmonnait déjà sur le même ton monocorde que J.J. Cale et Chris Rea, tandis que “Listen To Your Song” et “Someone Is Crying” s’apparentent davantage au son de “Closer To The Truth” (l’album du retour en grâce en 1991). Avec les hululements de la guitare impavide de Marcus King, les imparables “Boot Money”, “Scary Stories” et “Bubba Jones” colleront le frisson à quiconque découvrit un jour “Stud Spider” ou “High Sheriff Of Calhoun Parrish” en ouverture de “Tony Joe” (Monument, 1970), tandis que le languide tex-mex “Del Rio You’re Making Me Cry” (sorte de pastiche ralenti de “Sloop John B”, transposé dans la veine du crooner Freddy Fender) s’avère l’une des perles du lot (avec cette punch line typique du bonhomme: “coffee and tortillas in bed for breakfast”). Désormais à la tête de son propre studio à Nashville (ainsi que du label afférent), Auerbach a rameuté une bonne part de ce que Music City compte de fines lames et vieux requins pour habiller ce qui s’apparentait au départ davantage à des work-in-progress qu’à des rebuts, mais en dépit (ou peut-être à cause) de leur ligne brute initiale, on ne frise jamais ici les excès de production d’autres projets similaires. Nul doute que le home-studio du foyer familial recèle encore matière à quelques futures parutions. Souhaitons pour la mémoire de Tony Joe White qu’elles puissent s’avérer aussi émouvantes et respectueuses que celle-ci.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 28th 2021

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Tony Joe White – ‘Smoke from the Chimney’ [Trailer]:

Tony Joe White – “Smoke from the Chimney” [Official Video]: