Tony Joe White – Deep Cuts

Munich Records BV / Nocturne
Blues

L’auteur du tube planétaire ‘Rainy Night in Georgia’ puis du Hit monumental ‘Polk Salad Annie’ réussit le tour de force de faire de chacun de ses albums un événement, tout en restant fidèle à ‘sa’ musique, ce fameux swamp blues qui lui colle aux santiags et ce son de gratte reconnaissable entre mille dès la première note. Car ‘Rainy Night in Georgia’, Madame, hé oui, c’est signé Tony Joe White, en 1962. Et cette superbe chanson que vous chantait Elvis, le grand Presley, hé oui aussi, Madame, c’est également signé Tony Joe White. 

En 1969 très exactement, un an après les barricades. Tout comme c’est lui, chère Madame, qui travaillait sur le ‘Foreign Affair’ de Tina Turner avant de nous planter un album exceptionnel, ‘The Closer To The Truth’, dont plusieurs hits seront ensuite repris par de grandes stars internationales. Pour ma part j’ai un faible pour ‘Undercovered’ et ce ‘Deep Cuts’, un album produit par Jody, le fils de Tony Joe, et dont le génie (il a de qui tenir, le bougre !) a été d’enrichir les titres du paternel par des programmations et des samples qui donnent une incroyable touche de modernité à de ‘vieux’ (excusez le terme) standards. C’est un travail d’orfèvre, effectué avec une précision diabolique : parfois ce sont quelques cordes, là des percussions programmées, ou un peu de piano, des nappes légères et brumeuses de synthés, tout ce qui peut plonger les chansons du renard des marais dans un univers encore plus envoûtant.

A la batterie l’incontournable et fidèle Jeff Hale, celui que Tony surnomme Swamp Man Lose, mais en écoutant encore et encore l’opus en boucle, point de voix féminine et donc point de Michelle, sa fille, dont je vous recommande l’excellent ‘Wandering Road’ (chez Bad Reputation). A quand l’album où se retrouvera la White tribu ? 

Sur les 10 titres proposés sur cet opus, tout est nickel chrome et finalement, après le première écoute, vous vous demanderez encore pourquoi le plaisir (et le CD) ne dure pas des heures tant chaque titre vous prend au bide. ‘Set The Hook’, qui commence l’album, morceau musical, vous place de suite dans l’ambiance, avec ce son que fils et père White ont magistralement poli, comme pour le légendaire ‘Homemade Ice Cream’, proposé en plage 8, et le superbe ‘Willie and Laura Mae Jones’, proposé en plage 3. Juste une question, Tony, pourquoi alors avoir intitulé l’album ‘Deep Cuts’ (blessures profondes) ? Les blessures sont-elles si profondes que cela ? Et lesquelles, Tony Joe ?

En attendant, je retourne écouter ce super ‘Deep Cuts’ que Tony Joe White qualifiait dans une interview donné à Benoit Herr pour le magazine Crossroads de ‘Techno Swamp’. Y’a parfois des blessures profondes qu’on aimerait ne jamais voir se refermer…, car ‘Deep Cuts’ est un grand, un très grand album.

 

Frankie Bluesy Pfeiffer
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Tony Joe White