TONY ALLEN – ADRIAN YOUNGE – Jazz is Dead 18

Jazz is Dead / Bigwax
Afrobeat, Jazz Funk
TONY ALLEN - ADRIAN YOUNGE - Jazz is Dead 18

La disparition le 30 avril 2020 (dans un hôpital parisien) d’Anthony Oladipo Allen, (né le 20 juillet 1940 à Lagos) clôt un demi-siècle d’évolution de la musique de rythmes mondiale. De Fela à Flea, le parcours de l’un des plus grands batteurs que la Terre ait porté (selon Brian Eno) épousa, suscita et accompagna en effet les métissages et métamorphoses de tant de courants musicaux qu’il faudra bien quelques décennies encore pour en évaluer complètement les impacts. “Sans Tony Allen, il n’y aurait pas eu d’Afrobeat” concéda même un jour Fela Anikulapo Kuti, son mentor et prophète. Incorporant aux rythmes Yoruba vernaculaires les pulsations mêlées du funk et du jazz afro-américain pour poser les bases du Highlife, Allen lègue en héritage (outre sa quarantaine de contributions au catalogue du Black President de la République de Kalakuta) près d’une vingtaine d’albums en tant que leader, ainsi qu’une litanie de collaborations auprès d’un panel aussi diversifié que The Good, The Bad & The Ugly (avec Damon Albarn, Simon Tong et Paul Simonon), Sébastien Tellier, Joan As A Police Woman, Susheela Raman, Jean-Louis Aubert, Jimi Tenor, Charlotte Gainsbourg, Hugh Masekela, Doctor L, Manu Dibango, Jeff Mills ou Skepta. Il n’est que justice que l’ironiquement intitulée série “Jazz Is Dead” consacre un plein LP posthume à certains des ultimes enregistrements de cette immense machine à groove. C’est selon un esprit résolument Afrobeat (à peine modernisé par la technologie actuelle) que se présente cette session. Y assurant lui-même les parties de basse, de guitares électriques, de claviers et de marimba, Adrian Younge incorpore à ces beats obsédants et en chaloupement perpétuel une section de sept cuivres et un flûtiste, assaisonnant le tout du son vintage d’un orgue électrique de marque Acetone (!). Et dès le “Ebun” d’ouverture, la magie opère à plein régime, puisque cette formule réplique, à peu de choses près, celle des mythiques “Open & Close”, “Shakara” et “Afrodisiac” auxquels Tony contribua voici un demi-siècle. Que vous soyez féru d’Afrobeat (“Oladipo”), de funk (“Don’t Believe The Dancers”, “Makoko”, “Lagos”) ou de jazz (“No Beginning”), ne manquez sous aucun prétexte le firework posthume de ce sorcier des tambours. Vous comprendrez pourquoi des sommités aussi notoires que Ginger Baker, Tony Williams ou Clyde Stubblefield lui mangeaient dans la main.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 6th 2023

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