Tonnerre Heavy Metal

Camion Blanc
Rock

Saxon
Tonnerre Heavy Metal
(Camion Blanc)
Note : 3/6

Camion Blanc, l’éditeur qui ‘véhicule le Rock’ (Sébastien Raizer et Fabrice Revolon), a fait du chemin depuis la première publication de la biographie de Joey Division. Avec plus de 100 références faisant la part belle au Rock (des Beatles aux Yardbirds) et au Metal (Iron Maiden, Metallica, Rammstein…), le catalogue s’enrichit ce mois-ci de la traduction du livre de John Tucker sur Saxon (à quand une biographie de Pentagram chez Camion Noir, la branche ‘cultures sombres’ de l’éditeur?). Photographe de profession, John Tucker est aussi un grand spécialiste de la NWOBHM, du Metal à chanteuse et du Prog’. A ce titre, il a prêté sa plume pour la rédaction de nombreux programmes officiels de festivals (Progpower UK…) et de notes de livrets de CD (Angel Witch, Witchfynde…). Il a publié à ce jour deux autres ouvrages: ‘Suzie Smiled – The New Wave Of British Heavy Metal’ (Independant Music Press, 2006) et une biographie limitée à 500 exemplaires sur Brian Tetler de Diamond Head, ‘Am I Evil – The Music, The Myths And Metallica’ (2009). Quant au traducteur anglais-français, ce n’est autre que Manuel Rabasse, rédacteur en chef de feu Hard n’ Heavy de 2000 à 2002. Auteur du ‘Dictionnaire Du Rock’ chez Robert Laffont en 2006, celui-ci s’apprête également à publier ‘Once Upon A Nightwish’.

‘Tonnerre Heavy Metal’ raconte chronologiquement l’histoire de Peter Rodney ‘Biff’ Byford sur le plan personnel et professionnel et se divise en trois parties: ‘Les Années Affamées’, ‘Pouvoir Et Gloire’ et ‘Ne Jamais Rendre Les Armes’ (traduction littérale de titres phares du groupe). Stylistiquement parlant, ne vous attendez pas à du Shakespeare: visiblement issu de la retranscription mot à mot d’une longue série d’interviews, le texte est souvent plombé d’oublis de subjonctif, de confusions entre infinitif et participe passé, quand ce n’est pas de fautes de concordance des temps. Une correction en bonne et due forme aurait par ailleurs permis de replacer les renvois aux notes de fin de chapitre manquants. Néanmoins, le récit en lui-même est passionnant, autoporteur, et se laisse lire très facilement.

Sans trop dévoiler les trésors cachés au fil des pages, rapportons que Biff (le surnom de son grand frère à l’école) a exercé plusieurs métiers dans sa prime jeunesse dans le West Yorkshire avec une certaine inconstance: charpentier, tisserand, mineur… Marié très tôt à une certaine Linda et père de ses 2 enfants, il les abandonne en 1967 et doit rapidement s’acquitter d’amendes pour pensions alimentaires non versées. On est très loin de la période dorée des 80’s avec la première chaude-pisse contractée au Japon ou encore les orgies non-stop lors de la tournée US avec Mötley Crüe (cf. la réponse du chauffeur de Mötley lorsque Paul Quinn lui demande pourquoi il n’y a pas de tapis dans le tour-bus: ‘C’est pour que la bière et le sperme s’écoulent dans l’escalier quand je freine.’). Biff a tout sacrifié pour son art et pour percer dans le métier…jusqu’à ce qu’il rencontre Susie, son âme sœur, après l’album ‘Forever Free’ (1993). Le couple donnera naissance à Stephanie, Sebastian, et aux jumeaux Thomas et Alexander.
Définitivement plus tourné vers le sexe que vers la drogue, Biff a traversé les 70’s d’abord en tant que bassiste avec Coast, puis Son Of A Bitch qui deviendra Saxon. Signé en France chez Carrère (un label bien de chez nous associé aux succès Disco de Sheila), Saxon rencontre assez rapidement du succès grâce à des tournées intensives en Angleterre et un deuxième album, ‘Wheels Of Steel’ (1980), qui reçoit les louanges de la presse britannique. Pressé comme un citron, le groupe enchaîne les disques référentiels de Heavy ‘ouvrier’ tout en percevant le minimum de royalties, tous les membres n’étant que de simples salariés de la société off-shore du manager Nigel Thomas! Les velléités de conquête du marché US qu’on sentait dès ‘Crusader’ en 1984 se traduisent par un son ultra-poli sur ‘Innocence Is No Excuse’ (1985), premier album en demi-teinte pour EMI/Parlophone. Mais contrairement à Iron Maiden qui gère plus intelligemment sa carrière et notamment ses tournées outre-Atlantique, Saxon perd pied et par la même occasion certains de ses musiciens… Jusqu’à ce que Biff arrête les frais en pleine tournée promotionnelle du très surproduit ‘Destiny’ (1988). La suite, vous la connaissez, elle passe par le renouveau Metal du groupe en Allemagne chez Virgin, puis SPV, avec des albums forts comme ‘Metalhead’ (1999) ou ‘Lionheart’ (2004).

A défaut d’avoir accédé au statut de superstars comme Metallica, Saxon aura au moins fait partie des survivants de la NWOBHM, derrière cependant Iron Maiden et Def Leppard en termes de ventes. Pour rendre hommage au groupe, Camion Blanc aurait d’ailleurs été plus avisé de sortir les 2 fois 16 pages de photos en couleurs et sur papier glacé…pour un prix de vente de 36 euros, le noir et blanc sur papier granuleux sent un peu l’arnaque.

Jean-Christophe Baugé
Metal Obs’ / Noiseweb / Blues Magazine / Paris-Move

 

Saxon