Ces trois dernières années passées à jouer au sein du groupe new-yorkais Gogol Bordello ont incontestablement influencé le bassiste éthiopien Tommy T. (de son blaze complet: Thomas T. Gobena) dans la conception et la réalisation de cet album aux sonorités tellement colorées et mondiales qu’on les croirait étalées sur la palette d’un peintre itinérant, sorte de chaman imprégné de tous les styles, du jazz au punk, du reggae au rock, du metal au gypsy.

Cette expérience au sein de Gogol Bordello, combinée à ses racines, ses influences, ses voyages, ont finalement permis à Tommy T. de proposer un opus aux teintes musicales lumineuses, sans frontières, universelles et dont le titre, ‘The Prester John Sessions’ fait référence au mythique roi éthiopien du Moyen Age dont la légende dit également qu’il était ‘Prêtre Jean’ dirigeant un territoire chrétien allant de l’Inde à l’Ethiopie. Un personnage tellement mythique que la recherche du royaume de ‘Prêtre Jean’ est la base de l'intrigue du roman ‘Baudolino’, signé Umberto Eco.

 

Tommy T., lui, propose cette quête sous forme d’un album aux influences variées, riche de cette diversité qui fait la force des nations qui la reconnaisse. Né en Ethiopie, Tommy T. fut à l’origine du Abyssinians Roots Collective, s’adonnant à une discipline musicale d’ordre syncrétique et donnant naissance à une musique continue et intemporelle. C’est avec le soutien de Gogol Bordello que Tommy T. va s’attaquer à la réalisation de son premier opus, auquel il va donner le titre de ‘The Prester John Sessions’, comme pour bien marquer son parcours personnel, de ses racines éthiopiennes à son immersion dans le monde musical le plus large.

Des racines auxquelles Tommy T. fait fortement référence dans ‘Oromo Dub’, titre sur lequel il est rejoint par le chanteur éthiopien Abdi Nuressa, avant de rendre hommage au légendaire chanteur éthiopien Tlahun Gessesse, décédé en avril 2009. Un chanteur au charisme exceptionnel et dont nombre d’albums vendus dans les années 70 et 80 ont servi à financer des programmes d’aide alimentaire pour son pays.

 

Et comme un signe divin auquel Tommy T. ne pouvait échapper, c’est avec ‘Eden’, dixième titre sur les onze proposés sur cet album, que Tommy T. signe ‘LE’ chef d’œuvre de ce ‘The Prester John Sessions’. Un titre sur lequel on retrouve en ‘guest’ un fabuleux DeAndre Shaifer à la trompette et qui sublime ce morceau en un Eden, ce fameux Eden biblique que les textes situent quelque part en Ethiopie, justement.

 

Un album à écouter absolument et à faire découvrir, pour savoir où se trouve votre Eden. Un Eden que vous traverserez en compagnie de Tommy T. et de ‘Prêtre Jean’.

 

Frankie Bluesy Pfeiffer