Blues

Bruce Iglauer me pardonnera, mais l’affaire se présente comme cette fameuse blague juive: Papy Blues et Mamie Soul sont sur leur dying bed, et ce qui reste de la famille est assemblé à leur chevet. Dans leur agonie commune, Papy soulève une paupière et marmonne:
– Ah, Kenny Neal , Buddy Guy et Joe Louis Walker, vous êtes là…
– Oui, Papy, ne t’inquiète pas, nous sommes à tes côtés, répliquent en chœur les trois assesseurs.
Mamie en fait autant et demande:
– Et Wilson Pickett, Otis Redding, James Brown, Aretha et Sharon Jones, ils sont pas là…?
Personne n’ose lui avouer la vérité, et Papy reprend:
– B.B., Albert et Freddie, que j’avais faits rois, où sont-ils à présent?
Les trois affligés ne savent que répondre, et Papy s’exclame alors:
– Mais si vous êtes tous réunis ici, qui garde la boutique en ce moment?
Les comparses le rassurent aussitôt:
– On a confié les clés à Tommy, un bon gars de San José, qui continue de faire tourner l’affaire. Il a débuté à la dure, comme nous tous.
Depuis qu’il a signé chez Alligator, voici dix ans déjà, nous nous étions quelque peu alarmés du tournant que risquait de prendre sa carrière en termes d’intégrité, mais comme en témoigne ce live brûlant, nos préventions étaient injustifiées. Du rhythm n’ blues millésimé Stax de “Two Hearts” et “Anytime Soon” au deep down blues de “Lose Lose” (co-signé Joe Louis Walker), Tommy Castro se permet également de rocker sur le “Make It Back To Memphis” qui introduit les festivités, et de groover le funk sur “Shaking The Hard Times Loose”, ou le bon vieux “Leaving Truck” de Sleepy John Estes. L’album se clôt sur une version incandescente du “Them Changes” de Buddy Miles (qui illuminait déjà le “Stompin’ Ground” de 2017), et Papy et Mamie peuvent s’en aller en paix: la boutique restera ouverte, night and day et sept jours sur sept, pendant un sacré bout de temps encore.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

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Tommy CASTRO & THE PAINKILLERS – Killin’ It Live: présenté sur le site web de Tommy CASTRO, ICI

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