TOMMY CASTRO – A Bluesman Came To Town

Alligator / Socadisc
Blues, Rock, Soul
Tommy Castro

Que de chemin parcouru depuis les Dynatones et les albums du “San Francisco Blues Summit” (avec Johnny Nitro). Tommy n’était alors que l’une des nombreuses étoiles montantes de la guitare blues, parmi tant d’autres impétrants au titre de “guitar-hero”… Avec ses albums “Can’t Keep A Good Man Down” et “Right As Rain” (sur Blind Pig, et sous license Dixiefrog pour notre Hexagone), il se révéla en outre un compositeur roué, et aussi un grand chanteur. Assumant la tête haute ses racines rock n’ soul, il en acquit une dimension et une singularité qui le hissèrent plusieurs coudées au dessus de la mêlée. Signé depuis douze ans sur le label au saurien, il nous propose à présent son sixième album sous l’égide de Bruce Iglauer (voire le septième, si l’on y inclut le collaboratif “The Legendary Rhythm N’ Blues Revue” d’il y a dix ans), élevant son score à plus d’une vingtaine au total, si l’on y inclut ses débuts au sein des Dynatones. Si son dernier opus studio, “Stompin’ Ground”, date déjà de quatre ans (et fut produit dans la hometown de Tommy par un autre homeboy, le magistral Kid Andersen), celui-ci s’en est cette fois remis aux mains expertes de l’omniprésent producteur (et batteur) Tom Hambridge, dont le CV évoque un who’s who des deux décennies écoulées. Que ce soit en effet en tant que sideman, compositeur ou producteur (voire le tout à la fois), ce dernier aligne en effet des collaborations avec Susan Tedeschi, Delbert McClinton, George Thorogood, Joe Louis Walker, Christone ‘Kingfish’ Ingram, Ana Popovic, Lynyrd Skynyrd, Bernard Allison, Johnny Winter, Norah Jones, Shemekia Copeland, Colin Linden, Jimmy Thackery, Steve Cropper, Billy Ray Cyrus, Roy Buchanan, Buddy Guy, Marcia Ball, ZZ Top, Guitar Shorty, Sean Chambers, Eric Burdon, The Outlaws, Keb Mo, JW Jones, Mike Zito, Royal Southern Brotherhood, Devon Allman, Kenny Neal et Joe Bonamassa (n’en jetez plus, la cour est pleine). Ces deux comparses ont résolu de délivrer un disque racontant une histoire, celle d’un pauvre gars de la campagne dont la destinée se trouve bouleversée par l’irruption en ville d’un musicien itinérant. Depuis Chuck Berry et son “Johnny B. Goode”, le cliché s’avère quelque peu éculé (pour preuve, Popa Chubby l’avait déjà revisité il y a vingt ans au fil de son propre “How’d A White Boy Get The Blues”), mais l’intérêt principal de la démarche tient à ce qu’elle offre une fois encore à ce bon Tommy l’occasion de revisiter l’ensemble de son faisceau de références. Du swamp blues originel de “Somewhere” (avec le bassiste original des Dynatones et des Painkillers, le grand Randy McDonald, ainsi que l’harmo gouleyant de Jimmy Hall), et de la plage titulaire à la Stax soul déchirante de “You To Hold On To” et “I Want To Go Back Home”, du gospel effréné de “Child Don’t Go” (avec les vocaux de Terrie Odabi ) au funk façon James Brown de “Hustle” (avec le sax et les arrangements à la Maceo Parker du vétéran Keith Crossan), en passant par le rock séminal de papa Chuck Berry (“I Caught A Break”) et de Jimi (ce “Women, Blues And Alcohol”, devant plus d’un riff à “Purple Haze” et “Crosstown Traffic”) voire d’Aerosmith (“Bring It Back”), sans omettre le Chicago-shuffle (“I Got Burned”), le West-Side blues façon Otis Rush (“Blues Prisoner”) ni le country blues conclusif de “Somewhere (Reprise)”, on peut l’asséner sans complexes superflus: on s’en tamponne un peu, de ce prétexte narratif éventé… Tout ce qui compte au demeurant, c’est qu’après quatre décennies sur les routes et sur les planches, Tommy Castro n’a manifestement pas perdu la flamme. Et c’est bien là que réside l’intérêt majeur de l’affaire, non?

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 16th 2021

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TRACKS:
Somewhere
A Bluesman Came To Town
Child Don’t Go
You To Hold On To
Hustle
I Got Burned
Blues Prisoner
I Caught A Break
Women, Drugs And Alcohol
Draw The Line
I Want To Go Back Home
Bring It Back
Somewhere (Reprise)