TINSLEY ELLIS – Ice Cream In Hell

ALLIGATOR RECORDS
Blues
TINSLEY ELLIS - Ice Cream In Hell

Comme le titre de l’opus l’annonce, oui, on peut dire qu’il fait bon d’avoir de la glace en enfer. A preuve, on peut même affirmer que le pépère envoie la sauce dès les premières mesures. Il faut dire qu’il n’en est pas à son coup d’essai non plus, le Tinsley Ellis…! Le guitariste natif d’Atlanta, Géorgie, nous présente aujourd’hui son quatorzième opus. Pour réaliser ce nouvel album, il joue en compagnie des cinq excellents musiciens que sont Kevin McKendree aux claviers (et à la guitare rythmique sur un titre, Sit Tight Mama), Steve Mackey à la basse, Lynn Williams à la batterie et aux percussions, Jim Hoke au saxophone sur deux titres, Last One To Know et Hole In My Heart, et Quentin Ware à la trompette sur les deux titres précédemment cités. Certes, les blueseux aux tympans affinés et suiveurs attentifs de tout ce que nous propose le label à l’alligator vous diront qu’il n’y a rien de vraiment nouveau, avec cet opus, mais ils vous diront aussi que oui, le tout est d’excellente facture. Un album qui constitue une représentation fidèle de ce qu’est le Blues d’aujourd’hui. Comme l’écrit la revue Blues Music Magazine: “Tinsley Ellis est l’homme le plus travailleur du Blues Rock. Impossible de ne pas profiter de la balade à laquelle il nous convie.”
L’album a été enregistré à Nashville et est produit par Tinsley Ellis et Kevin McKendree. On sent la présence des trois King (B.B.King, Albert King et Freddie King) qui survole les 11 titres, ainsi que celle de Carlos Santana et de Hound Dog Taylor. Rien que des très bons, en somme, qui planent au-dessus de ces onze bons morceaux de blues L’artiste avoue d’ailleurs avoir encore davantage privilégié la guitare que d’habitude. Il faut dire qu’il s’agit de la réédition d’un modèle Freddie King ES-345 quand même, et en “limited edition”, s’il vous plait! L’un des 200 exemplaires sortis en 2018. On apprend également que le brave Tinsley s’est servi d’une Fender Stratocaster 1959, d’une Gibson ES- 345 de 1967, d’une Gibson Les Paul Deluxe de 1973… et j’en passe. Admiré par ses pairs, il joue toujours avec tout son cœur et toute son âme, quels que soient le lieu et les personnes avec qui il joue! Un grand Monsieur, ce Tinsley Ellis!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, February 7th 2020

 

 

TINSLEY ELLIS – Ice Cream In Hell

Alligator
Blues
TINSLEY ELLIS - Ice Cream In Hell

Première réalisation du label au saurien pour cette nouvelle année, ce 18ème album de Tinsley Ellis est aussi le 11ème qu’il édite sous cette enseigne. Ce pyrotechnicien Georgien des six cordes y confirme également ses talents de songwriter, puisqu’il en signe l’intégralité. Enregistré à Franklin (non loin de Nashville, Tennessee) dans le studio de son complice et co-producteur, Kevin McKendree, c’est bien entendu un nouveau festival de guitare amplifiée. Démarquage du “Born Under A Bad Sign” de Booker T. Jones et William Bell (dont Albert King et Cream firent ce que l’on sait), “Last One To Know” réinvestit, cuivres à l’appui, les territoires saturés de sustain qu’inaugurèrent avant lui les deux Albert (en comptant bien sûr le regretté Collins). Les cocottes funky de “Don’t Know Beans” rappellent le “If Walls Could Talk” de Little Milton, tandis que le mid-tempo de la plage titulaire évoque le John Mayall post-BluesBreakers des années 90, quand l’imposant Texan Buddy Whittington officiait encore à ses côtés. Autant dire qu’on n’y plaisante pas question groovy feeling, et le solo qu’y prend Tinsley Ellis sur la coda en fade exhale même un goût de trop peu! Quitte à citer Mayall, l’enlevé Chicago-shuffle “Foolin’ Yourself” renvoie carrément à l’époque où ce dernier hébergeait des bleusailles telles que Clapton et Mick Taylor (l’orgue de McKendree y accentuant encore la similitude). Le lent et cuivré “Hole In My Heart” confirme cette tendance, sur le mode mineur selon lequel le père du British Blues adapta en son temps le “So Many Roads” d’Otis Rush. Puisque c’était à Peter Green qu’échoyait alors la lead guitar, le défi s’avère conséquent, mais Tinsley Ellis ne s’en laisse pas conter non plus, et c’est sans doute l’une des plage où ses soli s’avèrent les plus pétrifiants, avec le “Your Love’s Like Heroin” qui referme le ban. L’irrépressible crescendo sur lesquels ils s’y déploient emporte en effet toute résistance. Hommage revendiqué au raw-southside blues que délivraient Hound Dog Taylor et ses Houserockers, “Sit Tight Mama” propose une slide au kérosène, servie sur le tapis hérissé d’une section rythmique montée sur ressorts: on s’y croirait, gnôle et tabac gris compris! Retour à Albert King (via Stevie Ray Vaughan) avec un “No Stroll In The Park”, le genre de funky Memphis stew qui envoûte les hanches des ladies en goguette, et fait briller les yeux (ainsi que les couronnes dentaires) de leurs marlous. McKendree s’y fend d’un bref mais gouleyant solo d’orgue, introduisant celui, proprement incendiaire, du patron: l’effet est proprement tellurique. Le funk buté de “Evil Till Sunrise” renvoie au Hendrix de Band Of Gypsies, et vous conviendrez qu’il ne faut pas manquer d’audace pour aborder pareil registre. Ceux qui suivent quelque peu Tinsley savent bien qu’il est assez intrépide pour se risquer à ce type d’exercice, dans lequel Robin Trower excelle lui aussi. Quitte à se lancer des défis, Ellis aborde ensuite un autre challenge, en pastichant Carlos Santana himself sur “Everything And Everyone”. L’enjoué “Unlock My Heart” arpente quant à lui les platebandes de Jimmy Reed, tout en persistant à les transposer dans l’univers du père Mayall. Et s’il s’agissait réellement de son meilleur disque à ce jour? Nous ne sommes en tout cas pas loin de le croire.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, January 25th 2020