Blues |
Cela fait vingt ans, maintenant, que Timo Gross est sur scène, où il est comme chez lui, avec cette aisance qui déconcerte les plus assidus des apprentis gratteux. Et cet opus enregistré en ‘live’ au Blues Club de Baden Baden, en Allemagne, ne fera qu’accentuer cette impression première que Timo est totalement dans son élément lorsqu’il est face à son public. Comme un requin que l’on respecte lorsque l’on est dans son milieu, à lui.
Pas étonnant donc que le lascar soit un guitariste demandé, et respecté. Pour preuve, sa présence aux côtés des Doobie Brothers, le 2 octobre dernier, à Düsseldorf.
Enregistré en une seule soirée au Blues Club de Baden Baden, le 15 mai 2009, l’album vous crache à la gueule ses treize titres avec une qualité de son à faire rougir les meilleurs ingés-sons. La basse est ronde à souhait, la batterie percutante et perforante sans être ni trop devant ni trop en retrait, l’orgue Hammond énorme de discrétion et de présence, le chant brûlant juste ce qu’il faut et les guitares étincelantes et fulgurantes comme il se doit. Bref, un album ‘live’ de grande qualité et qui réconciliera bon nombre d’amateurs de blues avec les prises en direct.
Côté titres, Timo Gross vous propose un set d’enfer, faisant par exemple glisser ‘Sugar Mama’ entre les presque huit minutes du superbe ‘Don’t mess around with Love’ et ‘Lovesick’ après vous avoir fait creuser avec lui dans le blues le plus crade sur ‘Diggin’ in the dirt’.
Disciple d’Eric Clapton, Timo Gross en impose à la guitare, comme sur le monumental ‘Sweet Love’ à faire dresser les poils. L’intro vous prend aux tripes, la voix aussi, avant que la Fender ne vous propulse contre les enceintes sans ménagement, incitant vos neurones à un orgasme musical insensé, fatal, tandis que l’orgue Hammond vous lamine ce qu’il vous reste de sons FM entendus à la radio. C’est ‘Sweet Love’ et c’est sucré à faire fondre la lune la plus bluesy. C’est ‘Sweet Love’ et c’est délicieux à en mourir de désir. C’est ‘Sweet Love’ et c’est un peu plus de sept minutes d’extase, de bonheur comme on rêve d’en savourer à longueur d’année. C’est ‘Sweet Love’ et c’est magistral, unique et incomparable. De quoi qualifier le blues de ‘sweet love music’.
Et à tous ceux qui feront la grimace parce qu’ils pensent que le bonheur est unique et pas pour eux, enfilez-vous ‘Down to the Delta’ et vous n’en reviendrez plus, du Delta, tant vous resterez scotché à votre siège.
Un album à l’image du beau gosse qu’est Timo, charismatique. Putain de sweet love music…